Au lendemain de l'attaque des Champs-Elysées qui a coûté la vie à un policier, les enquêteurs poursuivent leurs investigations.
D'heure en heure, le profil de l'homme abattu par la police se dessine tandis qu'une enquête a été ouverte par le parquet antiterroriste pour assassinat et tentative d'assassinat sur une personne dépositaire de l'autorité publique.
Son identité confirmée
Jeudi soir, le nom de l'assaillant n'avait pas été communiqué officiellement, en raison de perquisitions à son domicile, et notamment «pour savoir s'il a bénéficié de complicités». Mais le procureur de la République de Paris, François Molins, a confirmé ce vendredi qu'il s'agissait de Karim Cheurfi.
Ce Français de 39 ans, né à Livry-Gargan, en Seine-Saint-Denis était connu des services de police. Les autorités ont rapidement pu l'identifier car il était le titulaire de la carte grise du véhicule utilisé pendant l'attaque.
Vendredi, trois membres de son entourage se trouvaient à garde à vue afin d'être interrogés par les enquêteurs. Ces trois personnes se trouvaient aux domiciles perquisitionnés durant la nuit de jeudi à vendredi.
L'assaillant était visé par une enquête antiterroriste après avoir fait part de son intention de tuer des policiers. Il avait été arrêté le 23 février dernier, avant d'être finalement remis en liberté, faute de preuves suffisantes par le parquet de Meaux. Il n'était cependant pas fiché S.
Déjà condamné en 2005
Karim Cheurfi a passé quatorze ans de sa vie en prison pour quatre condamnations. En 2001, il avait déjà tenté de tuer des policiers à deux reprises, et avait pour cela été condamné en 2005 à quinze ans d'emprisonnement. Alors qu'il était au volant d'une voiture volée et armée d'un revolver, l'individu avait percuté un véhicule conduit par deux frères, dont l'un était policier. Il avait alors pris la fuite à pieds. Rattrapé par les deux frères, il avait fait l'usage de son arme et blessé grièvement l'un d'eux au thorax. Arrêté peu après, l'assaillant avait également été l'auteur d'une nouvelle tentative d'homicide contre un policier deux jours plus tard, en se saisissant de l'arme de celui-ci, alors qu'il sortait de sa cellule. Le gardien de la paix avait été grièvement blessé.
En 2009, Karim Cheurfi a était condamné à dix-huit mois d'emprisonnement pour des faits de violence sur un codétenu en 2008. Enfin, en 2014, il devait purger une peine de quatre ans de prison pour des faits de vols avec effraction, refus d'obtempérer, recel de vol et usurpation de plaque d'immatriculation, le tout en récidive pour des faits commis en 2013.
Régime de semi-liberté et liberté conditionnelle
L'assaillant n'a cependant pas purgé l'intégralité de sa peine en prison, comme l'a indiqué François Molins. S'il a été incarcéré dès 2001, il a été place sous le régime de la semi-liberté à compter du 7 juillet 2012. Il obtiendra sa mise en liberté conditionnelle en 2013, mais sera de nouveau incarcéré la même année, révoquant sa libération conditionnelle. Il sort finalement de prison le 14 octobre 2015 et faisait depuis l'objet d'un suivi par un juge d'application des peines du tribunal de grande instance de Meaux.
Karim Cheurfi s'était rendu en Algérie quelques jours en 2017. A la suite de ce voyage, il avait été convoqué par le juge d'application des peines en charge de son dossier mais celui-ci n'avait pas révoqué sa période de mise à l'épreuve, se contentant de lui rappeler ses obligations.
.@prefpolice @PHBrandet @MatthiasFekl Le parquet antiterroriste de Paris a ouvert une enquête : assassinat et tentative d'assassinat sur pers. dépositaire de l'autorité publique
— Ministère Intérieur (@Place_Beauvau) 20 avril 2017
L'individu était lourdement armé
Le procureur de la République a confirmé que Karim Cheurfi avait attaqué les forces de l'ordre déployées sur les Champs-Elysées, à l'aide d'un fusil d'assaut. Selon BFMTV, l'assaillant était également en possession d'un fusil à pompe ainsi que d'armes blanches, dont un couteau de cuisine. Les armes ont toutes été retrouvées à l'intérieur du véhicule. Information confirmée sur FranceInfo par une source proche du dossier.
Un car de @prefpolice stationné sur les #ChampsElysees a été visé par les tirs d'un individu (@PHBrandet)
— Ministère Intérieur (@Place_Beauvau) 20 avril 2017
Interrogés par Europe 1, des habitants de son quartier décrivent l'assaillant comme un homme hostile aux forces de l'ordre et non comme un radicalisé. «Il n'a rien à voir avec Daesh», «Il a une rancune avec les keufs (...) Il n'est pas parti en tant que terroriste, il avait une rancune, tout simplement», ont-ils ainsi raconté à la radio.
Vendredi, Daesh a revendiqué l'attaque des Champs-Elysées via un communiqué, faisant référence à «Abu Yussef le Belge», qui ne semblerait pas être l'assaillant abattu. Toutefois, un papier portant un message manuscrit prenant la défense de Daesh a été retrouvé non loin du corps de l'assaillant. Un Coran a également été retrouvé dans le véhicule de Karim Cheurfi.