La campagne présidentielle n'est pas encore achevée que les séquences WTF sont déjà gravées dans le marbre du Web. Florilège des moments les plus insolites de cette campagne présidentielle.
Emmanuel Macron et sa posture quasi christique
C’est un des premiers coups d’éclat de la campagne : le discours survolté d’Emmanuel Macron sous les applaudissements de ses partisans, lors d’un meeting à Paris le 10 décembre dernier. «Ce que je veux, c'est que vous, partout, vous alliez le faire gagner parce que c'est notre projet», avait hurlé à pleins poumons le candidat d’En Marche ! jusqu’à en perdre la voix.
Au terme d’une tribune de près de deux heures et après un traditionnel «Vive la République, vive la France», l’ancien ministre de l’Economie avait même affiché une posture quasi christique, les bras ouverts à la foule et le regard porté vers le ciel. Une séquence culte (de la personnalité ?) reprise par toutes les chaînes de télévision, parfois raillée par ses détracteurs et maintes fois détournée par les internautes.
Quizz : de qui se moque @benoithamon? #loupdewallstreet
© Marc Chaumeil pour @libe pic.twitter.com/ZpPfMdSIf9— Tess Raimbeau (@TessRaimbeau) 13 décembre 2016
Jean-Luc Mélenchon en hologrammes
La soixantaine bien tassée, élu de la République depuis quarante ans, Jean-Luc Mélenchon a pourtant fait le pari des nouvelles technologies : investissement sur les réseaux sociaux, présentation de son programme sur Youtube… et usage de la 3D pour viser l’ubiquité. En meeting à Lyon le 5 février dernier, le tribun de la France insoumise est ainsi apparu simultanément en hologramme aux Docks de Paris, à Aubervilliers. Avec l'objectif de s’exprimer «dans des villes où la campagne ne nous avait permis de nous rendre», selon son directeur de campagne, Manuel Bompard.
Pari réussi : l’hologramme, premier du genre politique en France, avait suscité un véritable engouement – en témoignent les mèmes de l’image en 3D de Mélenchon qui ont fleuri sur les réseaux sociaux – et plus de soixante mille personnes avaient suivi en ligne sa prestation. Si bien que, deux mois après, le candidat remet le couvert, mais avec plus d’invités : mardi 18 avril, il animera pas moins de sept meetings à la fois, l’original à Dijon, les six autres «holographiques» à Clermont-Ferrand, Montpellier, Nancy, Nantes et Le Port (La Réunion).
François Fillon enfariné
Mis en examen pour détournement de fonds publics et recel d'abus de biens sociaux, François Fillon est régulièrement la cible de détracteurs lors de ses déplacements. Dernier exemple en date : alors qu'il s'apprêtait à monter à la tribune, lors d'un meeting tenu à Strasbourg le 6 avril, le candidat de la droite et du centre a été enfariné par un militant affublé d'un tee-shirt «Les étudiants avec Fillon».
Un geste qui s'inscrit dans la continuité des manifestations d'opposants que le candidat a pu rencontrer sur son chemin de croix. En effet, l'ancien Premier ministre a été régulièrement accueilli par des concerts de casserolles, des huées ou encore des jets d'œufs à l'occasion de ses meetings, à l'instar de bien des politiques avant lui (Nicolas Sarkozy, François Hollande, Manuel Valls...) ou d'Emmanuel Macron, récemment victime d'un jet d'œuf, lui.
Bizarrement cette video de #Macron tourne moins sur #BFM que celle de la farine sur #Fillon. pic.twitter.com/0jf2LEeICC
— M. Lambda (@lambda_9) 6 avril 2017
La campagne de dons du Gorafi pour François Fillon
Une campagne de financement participatif visant à aider François Fillon à boucler ses fins de mois a été lancée début avril par le site satirique Le Gorafi. Une opération hautement sarcastique qui fait suite aux déclarations du candidat sur son incapacité à mettre de l'argent de côté – une confidence qui lui a valu de vives critiques sur la toile.
La cagnotte, hébergée sur Leetchi, a d'ores et déjà récolté plus de 3.000 euros grâce à la générosité de quelque 1.600 donateurs. La rédaction du Gorafi a fait savoir que la somme sera reversée à des associations locales d'entraide de la Sarthe.
.@Leetchiweb qui sponsorise la cagnotte du @le_gorafi pour #Fillon.. décidément cette campagne ne ressemble a aucune autre pic.twitter.com/iS0o3r1xt9
— Yoann Duperthuy (@yoanndprth) 4 avril 2017
Nicolas Dupont-Aignan quitte le plateau de TF1
Ne digérant pas son absence au débat organisé avec les cinq principaux candidats à la présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan a quitté le plateau du JT de 20 heures de TF1, mettant prématurément fin à l'interview. «Je souhaite que par mon geste, votre chaîne renoue avec la démocratie», a-t-il lancé à la journaliste, le 18 mars dernier.
.@DupontAignan quitte le plateau @TF1 au nom des millions de Français qui réclament le respect de la #démocratie. #TuSaisQueTf1CensureQuand pic.twitter.com/8rGPngmnkz
— Debout la France (@DLF_Officiel) 18 mars 2017
Sur les réseaux sociaux, son geste a été autant salué que critiqué par les internautes. Une chose est sûre : la séquence comptabilisant douze millions de vues et des centaines de milliers de partages en quelques heures, le candidat de Debout la France a su créer le buzz, à défaut d'avoir pu présenter son programme lors de l'entretien.
Le clip de campagne de Philippe Poutou
Philippe Poutou a frappé un grand coup en dévoilant son clip de campagne officiel le 10 avril. Et pour cause : baptisé «On n'est pas touché», celui-ci est une parodie de son passage sur le plateau de l'émission «On n'est pas couché» (France 2). Lors de l'interview, le 25 février dernier, les chroniqueurs avaient été pris d'un fou rire alors que le sujet – les licenciements – ne prêtait pourtant pas à la rigolade.
Un comportement qui avait provoqué l'ire des internautes, considéré comme une preuve du mépris des médias à l'encontre des «petits» candidats, et dont le candidat du NPA a choisi de se moquer, quasi mot pour mot et tout en auto-dérision. Cette stratégie de l'humour, Philippe Poutou l'avait déjà utilisée lors de sa campagne présidentielle de 2012, en mettant en scène un pastiche du jeu télévisé «Questions pour un champion».
Emmanuel Macron chante à la montagne
En déplacement le 12 avril dans la station de sports d'hiver de La Mongie, à Pau, où il a appris «à marcher et faire du ski», Emmanuel Macron avait lâché costume-cravate pour revêtir un simple jean-doudoune de circonstance. Au terme d'un repas dans un restaurant d'altitude avec des proches, le candidat d'En Marche ! a même entonné un chant populaire local, «Montagne Pyrénées», écrite par Alfred Roland «Les montagnards, les montagnards, les montagnards ! Halte là, halte là, halte là ! Les montagnards sont là !», peut-on entendre des lèvres de l'ancien ministre. Opération de communication ou véritable amour des coutumes, cela reste du jamais vu chez Emmanuel Macron.
Macron à la montagne, en campagne et en chanson @LCI pic.twitter.com/ghYl10liri
— Alison TASSIN (@AlisonTassin) 12 avril 2017
Jean Lassalle cible les dix autres candidats : «Il vous entubera»
Dans une vidéo publiée jeudi 13 avril, Jean Lassalle, assis sur son siège comme un président, a affirmé que : «Quel que soit celui ou celle que vous éliriez, en dehors de moi, de toute façon il vous entubera». Un tacle sévère à l'attention des autres candidats, qui n'ont selon lui «pas les moyens de tenir» leurs promesses électorales.
Seul capable de «redonner un espace politique et financier à la France qui n'en a pas», le député béarnais, outsider de cette campagne, crédité à 1,5 % d'intentions de vote, en profite pour lancer un dernier appel du pied aux électeurs indécis. Et la parole est sans filtre : «Si tu veux voir un magnifique printemps, où tu vas t'éclater, retrouver un peu de bonheur et la joie de t'engager, viens avec moi», mais «si tu veux continuer à t'emmerder dans le plus beau pays du monde (...) tu peux voter pour eux.» C'est dit.