Le gouvernement français avait été mis en garde par le Conseil de l'Europe contre les brutalités policières, dont aurait été notamment victime en février le jeune Théo.
Une délégation du Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements dégradants (CPT) s'est dite, dans un rapport rendu public vendredi, préoccupée par les témoignages de mauvais traitements infligés par des policiers lors d'interpellations, recueillis lors d'une visite de postes de police, de prisons et d'établissements de santé pour détenus du 15 au 27 novembre 2015.
Les personnes interrogées, dont des mineurs, ont indiqué avoir reçu des coups volontairement portés par des policiers lors de leur interpellation et parfois dans l'enceinte des locaux de police. Certaines ont mis en cause des policiers des brigades anti-criminalité (BAC), déclarant avoir reçu des coups alors qu'elles se trouvaient menottées dans un véhicule.
«Usage excessif de la force», «coups portés au visage», «plaquages intempestifs au sol», «maintiens au sol de la tête avec le pied appuyant sur le visage», «serrages excessifs des menottes», «allégations d'insultes», notamment «à caractères raciste ou homophobe», sont déplorés dans ce rapport.
La France souligne le manque d'éléments objectifs
«S'agissant des allégations des personnes placées en garde en vue relatives à des coups qu'elles auraient reçus ou à des insultes dont elles auraient fait l'objet lors de la visite de la délégation, aucun élément objectif ne permet de les établir. Par ailleurs, aucune vérification contradictoire n'a été sollicitée», a soutenu le gouvernement français dans sa réponse du 30 novembre 2016 publiée par le Conseil de l'Europe.
«Les autorités françaises rappellent qu'elles ne sauraient tolérer la moindre violence inappropriée de ses forces de l'ordre», a insisté le gouvernement. «Tout usage excessif de la force ou tout acte à caractère raciste ou homophobe expose le fonctionnaire de police à une sanction disciplinaire, indépendamment des sanctions pénales encourues», a rappelé le gouvernement.
Le 5 février, un jeune de 22 ans, Théo, avait été gravement blessé lors de son interpellation par quatre policiers à Aulnay-sous-Bois. Il a affirmé que l'un des policiers lui avait «enfoncé la matraque dans les fesses» et a dénoncé des coups, crachats et insultes dont certaines à caractère raciste. Un des policiers a été mis en examen pour viol et ses trois collègues sont poursuivis pour violences volontaires. «L'affaire Théo» avait entraîné plusieurs nuits d'échauffourées en banlieue parisienne.