A quatre semaines de l'élection présidentielle, la campagne bat son plein. Mais beaucoup d'électeurs regrettent l'absence de débat autour de thèmes qu'ils jugent importants.
CNEWS Matin est allé à leur rencontre pour leur poser une question : «Selon vous, quel thème est le grand oublié de la campagne ?»
Lucie, 23 ans, étudiante en tourisme-hôtellerie
Le logement. On n’en parle pas assez et je ne connais pas les positions des différents candidats sur ce thème. C’est un sujet difficile. Pour ma part, j'ai rejoint mon mari en France pour étudier, et vis chez un ami qui m’héberge le temps que je trouve. Si ça avait été facile, je ne l’aurais pas embêté, mais je n’ai pas le choix. Ca m’enlève ma dignité. Je ne sais pas quoi faire. Avoir un logement, ça nous encourage à trouver du travail. Chercher en vain, ça nous rabaisse. Il faut remettre le sujet au cœur du débat pour parler des prix (à Paris, il faut compter 400 euros pour une colocation !) et des discriminations. On m’a déjà refusé un logement parce que j'étais Africaine...
L'écologie est au second plan, alors que c'est quelque chose de primordial qui dépasse les partis et les sujets nationauxPascal, 23 ans, technicien en fibre optique
Eric, 53 ans, consultant
Ce n'est pas parce qu’on parlera d’un sujet que ça servira à quelque chose. Je trouve par exemple que l’économie n’est pas assez bien abordée dans la campagne. On en parle beaucoup, mais les candidats n’hésitent pas à dire tout et n’importe quoi sans être précis. C’est ça qui motivera mon choix, car la France a aujourd’hui un problème économique. Il y a aussi l’école, dont on parle, mais lamentablement. Il y a un discours très réducteur, qui se limite à «on va augmenter les moyens», mais c’est une folie, car on dépense déjà plus que tout le monde. L’école forme mal, est mal organisée et coûte très cher. Enfin, on parle très peu des banlieues, qui est également un sujet important. Il faut réfléchir à comment faire en sorte qu’elles arrêtent d’être mises au banc, et revoir beaucoup de choses.
Pascal, 23 ans, technicien en fibre optique
Les candidats ne font que se tirer dans les pattes. Il y a trop de place pour les affaires et pas assez pour les sujets de fond. L’écologie est au second plan, alors que c’est quelque chose de primordial, qui dépasse les partis et les sujets nationaux. J’aimerais que les discussions portent plus autour des énergies renouvelables, des nouvelles énergies qui remplaceront le nucléaire. C’est important car c’est la planète, c’est le monde qu’on va laisser derrière nous, et qui est en plein déclin. Il faut parler plus de l’énergie, mais aussi de la protection des espèces menacées, ou encore de l’eau.
Le vrai sujet qui devrait peser, c'est la misère. C'est inadmissible, en France, tant de malheur dans la rueJosette, 75 ans, retraitée
Josette, 75 ans, retraitée
On aborde déjà beaucoup de sujets, mais superficiellement, sans rentrer dans les débats importants. Rien n’est tangible, on propose de prendre tant d’argent mais sans nous dire d’où il va sortir. Je ne souhaite pas spécialement plus de débat de fond pour autant, car il n’y a rien de vraiment réel, ce ne sont que des promesses électorales jamais tenues. Le vrai sujet, qui devrait peser, c’est la misère. Trente ans après la mort de Coluche, c’est toujours une association privée qui gère la distribution de repas, c’est incroyable ! Pourtant, il y a beaucoup de monde qui va aux Restos du Cœur chaque jour. Est-ce normal, en France, toute cette misère ? On ne donne rien aux pauvres. Les chômeurs essayent par tous les moyens de trouver du travail, en vain. Ils vont donc au chômage pour toucher des allocations, et ils ont raison de le faire. Les Charles ont plus de chances de trouver un emploi que les Mohamed. Les Mohamed vont demander le chômage, et là encore ils ont raison de le faire. Ce sont ces sujets qui me préoccupent le plus. C’est inadmissible, en France, tant de malheur dans la rue.
Marion, 23 ans, chargée de production
L’écologie ! C’est important pour les générations futures, pour éviter qu’ils se retrouvent à avoir des maladies ou supporter des exodes de grande envergure. La campagne, c’est ce qui va nous permettre de choisir un nouveau président. Il faut alimenter le débat sur ces sujets; si on n’en parle jamais, rien ne changera. Il y a beaucoup de climatosceptiques, qu’il faudrait sensibiliser. Un candidat qui proposerait des mesures concrètes, qui aurait conscience de ces enjeux climatiques, pourrait influencer mon vote. Mais il faut voir le reste de son programme…
L'éducation est abordée trop brièvement, alors que c'est la nouvelle génération qui fait avancer le marché en ce momentLaurie, 22 ans, étudiante en RH
Laurie, 22 ans, étudiante en RH
Le débat est inexistant au niveau de l’éducation, et particulièrement des alternances. Pour un étudiant, c’est compliqué de trouver une alternance car les entreprises sont trop frileuses. L’éducation est abordée brièvement, alors que c’est la nouvelle génération qui fait avancer le marché en ce moment. Beaucoup de jeunes arrêtent leurs études pour se lancer directement dans le monde du travail, et c’est un problème. Je pense qu’un meilleur encadrement des alternances pourrait éviter ce problème. Mais pour ça, il faudrait que les candidats en parlent.
Maxime, 23 ans, chargé de relations clients dans une start-up
Le sport n’est pas assez abordé dans la campagne ! Principalement au niveau associatif, mais le sport professionnel aussi. J’aimerais que les candidats s’intéressent à l’insertion sociale par le sport. Beaucoup d’associations travaillent autour de ces sujets, mais elles ne sont pas aidées. Comment appuyer les acteurs du sport et les associations dans leurs politiques de développement ? Comment valoriser le bénévolat ? Voilà des questions intéressantes. Si un candidat les pose, cela pourrait influencer mon vote. Certes, ce sont les mairies et les collectivités locales les plus compétentes sur ces sujets. Mais le ministère des sports ne met rien en place !