Dans le sillage de l’affaire Théo, les langues se sont déliées à Aulnay-sous-Bois. Le parquet de Bobigny a une nouvelle fois saisi l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) pour des faits de violences policières.
Quelques jours avant la dramatique intervention de Théo, un autre habitant de cette ville de Seine-Saint-Denis a fait l’objet d’une arrestation violente, qu'il raconte à Libération.
Le 30 janvier dernier, Djamel circule en voiture dans la cité des 3.000 lorsqu’une voiture lui coupe brutalement la route. Obligé de piler, l’agent municipal de 34 ans se retrouve à barrer la route à une voiture de police banalisée de la BAC lancée dans une course-poursuite. La voiture n’étant pas sérigraphiée, les agents ne portant pas d’uniforme et n’ayant pas mis de gyrophare, Djamel ne comprend pas de suite qu’il fait face à la police. «Bouge de là fils de p***», lui intime le conducteur.
Méthode d'étranglement
Le ton monte, les insultes fusent et lorsqu’il comprend qu’il s’agit de la police, l’employé municipal réclame des excuses. Deux policiers sortent de leur voiture, Djamel les imite. «Un des agents est arrivé vers moi et m’a tout de suite poussé violemment. Puis il a tenté de m’attraper le bras, je me suis débattu, et au même moment son collègue est arrivé par derrière et m’a attrapé au niveau de la gorge», explique-t-il au quotidien. Une vidéo capturée par un témoin de la scène montre également qu'il est étranglé pendant une trentaine de secondes avant d’être jeté à terre. Au sol, «pendant qu’un policier me faisait une clé d’épaule, un autre m’écrasait la tête contre le sol avec son genou», poursuit le trentenaire. Un fonctionnaire de police va par ailleurs menacer Djamel avec un Taser, qu’il place à quelques centimètres de son visage.
Djamel est ensuite menotté et embarqué dans la voiture de police. Il sera finalement relâché brusquement sans même passer par le commissariat après avoir expliqué aux agents qu’il travaillait à la mairie et qu’il parlerait de ce qui vient de se passer à l’édile.
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Son médecin lui prescrira cinq jours d’ITT (incapacité temporaire de travail). Mais Djamel ne parviendra pas à déposer plainte, le commissariat d’Aulnay-sous-Bois, ainsi que celui de la ville voisine de Villepinte, refusant de la prendre.
Ces faits se sont déroulés trois jours avant l’interpellation de Théo et quelques jours après celle de Mohamed K. Ce dernier avait été passé à tabac dans le hall d’un immeuble par des policiers, dont celui qui est accusé d’avoir violé Théo avec sa matraque. L’IGPN a également été saisie de cette affaire.