Par sa personnalité et sa combativité, l’homme avait éveillé les consciences face à la pauvreté. Et reste une icône pour de nombreux Français.
Alors qu’une vague de froid s’abat sur la France, fragilisant davantage les plus démunis, le message de l’abbé Pierre, décédé il y a dix ans, paraît plus que jamais d’actualité. Un hommage lui sera rendu dimanche, anniversaire de sa mort, sur la place de la République, à Paris, par les acteurs d’Emmaüs, afin de défendre son héritage et de perpétuer ses nombreux combats. De son entrée dans les ordres à son engagement dans la Résistance, en passant par son soutien aux «Restos du Cœur» de Coluche et ses rencontres avec des leaders du monde, l’abbé Pierre n’a cessé de lutter contre la misère et l’exclusion.
Humaniste et pragmatique
«On ne peut pas, sous prétexte qu’il est impossible de tout faire en un jour, ne rien faire du tout», aimait à dire l’abbé Pierre. S’appuyant sur cette idée, c’est en priorité sur le terrain qu’il a agi. Et ce, dès 1949, en créant le mouvement international Emmaüs, qui œuvre depuis pour porter assistance à ceux en mal de toit, et favoriser l’insertion sociale par l’emploi. «Refusant le fatalisme, il avait cette capacité à inventer des solutions concrètes et à interpeller les élus», explique Thierry Kuhn, président de l’association.
A lire aussi : L'abbé Pierre par Philippe Labro
Son appel de l’hiver 1954, saison particulièrement meurtrière pour les sans-abri, a exhorté les autorités à s’emparer du mal-logement. Un fléau qui, en 2016, touchait encore près de quatre millions de Français, selon la fondation Abbé-Pierre. Résultat : certes jugée insuffisante par les associations caritatives, la lutte contre la précarité est désormais actée dans les programmes politiques. Autres batailles remportées par l’abbé Pierre : l’adoption de la trêve hivernale et le développement des logements sociaux.
A lire aussi : Plus de 15 millions de personnes touchées par le mal-logement
Autant de victoires dues à sa pugnacité mais aussi à son caractère. Toujours sur la brèche, omniprésent sur les plateaux de talk-shows et des journaux télévisés, l’homme au béret savait faire preuve de panache, alternant entre bienveillance et indignation pour mieux faire passer son message. Et a ainsi réussi à conquérir le cœur de la population.
Un héritage qui perdure
Elu seize fois personnalité préférée des Français, l’abbé Pierre demeure aujourd’hui une icône pour plus de trois personnes sur quatre (78 %), selon un sondage de l’Institut CSA réalisé en exclusivité pour Direct Matin. Hommes comme femmes, cadres ou ouvriers, Franciliens ou habitants de province, tous le gardent en mémoire. Seul l’âge crée des différences : les jeunes de 18-24 ans ne sont «que» 65 % à considérer encore l’homme de foi comme une figure emblématique. Une proportion qui montre que les nouvelles générations sont prêtes à poursuivre un combat engagé voici plus d’un demi-siècle.