Les vaccins (coqueluche, rougeole, hépatite B...) aujourd'hui "recommandés" pour les enfants de moins de deux ans devraient devenir gratuits et "obligatoires" de façon temporaire, le temps de restaurer la confiance face aux doutes des Français, suggère le comité de "la concertation citoyenne" sur la vaccination.
Les conclusions du comité sont une synthèse d'un grand débat de plusieurs mois, voulu par le gouvernement et auquel ont notamment contribué plus de 10.000 internautes et deux jurys (grand public et professionnels de santé). Le but est d'"améliorer la confiance dans la vaccination" et d'émettre des recommandations pour "améliorer la couverture vaccinale."
"Dans le contexte actuel de perte de confiance et de baisse de la couverture vaccinale, il apparaît nécessaire de réaffirmer le bien-fondé de la vaccination", affirme le comité, qui vient de rendre ses conclusions à la ministre de la Santé, Marisol Touraine.
D'où cette idée d'agir en deux temps: d'abord élargir l'obligation vaccinale, en prévoyant une possibilité de refus des parents.
Puis à terme, supprimer l'obligation vaccinale comme ailleurs en Europe. Mais, "les conditions ne sont pas réunies" aujourd'hui pour lever l'obligation vaccinale qui existe déjà en France pour trois maladies pour le tout venant, estime le comité présidé par le Pr Alain Fischer et Claude Rambaud du CISS (collectifs d'associations santé).
En levant maintenant l'obligation, "on peut craindre qu'une fraction non négligeable de la population renonce aux vaccins y compris aux trois vaccins obligatoires de base, Diphtérie-Tétanos-Polio (DTP)", explique à l'AFP le Pr Fischer.
"La gratuité des vaccins serait un signal très fort donné par les pouvoirs publics sur l'importance qu'ils accordent à la vaccination", souligne le Pr Fischer.
"Le système actuel ne tient pas la route" avec "trois vaccins obligatoires (DTP) et des vaccins recommandés qui sont aussi importants", explique-t-il. D'où la recommandation "pour une phase transitoire, d'élargir la vaccination obligatoire des enfants pour les vaccins qui sont dans le calendrier vaccinal et qui sont administrés avant l'âge de 2 ans", poursuit-il.
- une clause de refus -
Cette "mesure temporaire" consisterait à rendre obligatoires "onze vaccins (pas onze piqûres, mais une protection contre onze maladies), plus les rappels" et "avec une clause d'exception comme cela se fait aux Etats-Unis".
Ainsi, les parents réfractaires signeraient un document "pour leur faire prendre conscience qu'ils prennent une responsabilité, une prise de risque pour leur enfant et pour la communauté des gens qui vivent autour d'eux et qu'ils risquent aussi que leur enfant puisse être refusé par une directrice de crèche", ajoute le médecin.
Toutefois, en cas de situation de menace d'infection, s'il y avait trop de refus de la vaccination, cette possibilité d'exemption pourrait être supprimée comme cela s'est passé en Californie pour la rougeole, ajoute le Pr Fischer.
En parallèle, le comité préconise toute une série de mesures pour rétablir la confiance: facilitation de la vaccination, entre autres dans les écoles, information, et formation des professionnels de santé, site internet unique consacré à la vaccination, faire de la vaccination une grande cause nationale...
La mise en place d'un carnet de vaccination électronique permettrait à chacun de savoir où il en est et aussi "un meilleur recensement de la couverture vaccinale", relève Mme Rambaud.
Selon une enquête parue en septembre dans la revue EBioMedicine, la France est le pays européen qui a le plus de réticences face aux vaccins, avec un Français sur quatre qui émet des doutes sur la sécurité des vaccins tandis que 17% doutent de leur efficacité.
Les réactions négatives n'ont pas tardé : E3M (association aluminium dans les adjuvants) dénonce "un simulacre de démocratie" et pour Michèle Rivasi, députée européenne écologiste, "les conclusions de la concertation sur la vaccination sont une véritable provocation".
Mme Touraine a demandé à ses services et à l'agence Santé publique France d'étudier ces propositions qui seront égal, selonement évaluées sur le plan juridique et financier avant qu'elle dévoile les mesures qu'elle entend prendre.