Malgré des années de campagne contre l'abus d'antibiotiques, les Français en consomment toujours beaucoup trop : le gouvernement relance l'offensive contre cette surconsommation qui favorise les infections bactériennes résistantes, responsables de plus de 30 morts par jour.
"Entre 30 et 50% de ces traitements sont prescrits inutilement car inadaptés aux pathologies diagnostiquées", selon le gouvernement, qui a annoncé des mesures jeudi, à la veille de la Journée européenne d’information sur les antibiotiques. Des mesures pour renforcer la lutte contre ce fléau susceptible, à terme, de remettre en cause les possibilités de traiter les infections, même les plus courantes. Réduire la consommation d'antibiotiques de 25% d'ici à 2018 fait partie des objectifs.
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La sur-utilisation ou l'utilisation à mauvais escient des antibiotiques chez les humains et les animaux, dont ceux d'élevage, sont impliquées dans le phénomène d'antibiorésistance. Et la propagation de plusieurs tonnes de résidus de ces médicaments dans l'environnement participe à l'émergence et à l'accroissement des résistances microbiennes. "Les antibiotiques, c'est pas automatique!" Le message lancé en 2002 ne passe plus. Depuis 2010, la consommation globale d'antibiotiques en France est en hausse, a souligné jeudi la ministre de la Santé Marisol Touraine, à l'occasion d'un colloque consacré à ce danger croissant de la résistance des bactéries aux traitements disponibles.
"Chaque année, 160.000 patients contractent une infection par un germe dit multi-résistant, et près de 13.000 patients en meurent directement" a-t-elle ajouté, se fixant pour ambition de passer "sous la barre de 10.000" dans 3 ans.
En 2014, la France se situait au 3e rang des pays les plus consommateurs d'antibiotiques en médecine de ville, derrière la Grèce et la Roumanie, et au 7e rang pour la consommation dans les établissements de santé (hôpitaux et cliniques).