Un témoin-surprise a bousculé mercredi le déroulé de la troisième journée du procès de la mère de Fiona et de son ex-compagnon, qui a viré à la mauvaise comédie lors qu'il s'est révélé être un médium.
Vers 17h30, un petite femme brune de 47 ans s'approche de la barre de la Cour d'assises du Puy-de-Dôme et lâche ses premiers mots: "Je suis médium, radiesthésiste et la petite Fiona m'a contactée au début de l'affaire." Stupeur de la salle qui comprend le peu de crédit à porter à ce témoignage, qui avait fait naître de brefs espoirs. Vêtue d'un blouson en cuir marron, "Julietta" affirme que la fillette lui donné des indices - "croix, pierre rectangulaire, ficelles bleues et rouges" - et indiqué le lieu de sa sépulture "près de l'autre lac, pas celui d'Aydat" où les fouilles se sont concentrées.
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Fiona "m'a dit qu'elle avait touché de la drogue et (que sa mère et son ancien compagnon) l'avaient frappée. Elle m'a parlé des lieux" où elle aurait été ensevelie, a ajouté la radiesthésiste. Elle ajoute s'être elle-même rendue sur place en 2013 avec son mari, puis avoir donné des éléments à la police judiciaire, qui lui a répondu au téléphone d'arrêter "de les faire ch...".
"Je n'avais pas envie d'être médiatisée. Si je le fais, c'est pour la petite Fiona", a encore dit la médium, avant de s'effondrer d'un coup et d'être transportée hors de la salle par les pompiers. Ce premier rebondissement du procès de l'affaire Fiona est survenu à la mi-journée quand l'avocate des parties civile Marie Grimaud, qui représente l'association Innocence en danger, informe la cour avoir reçu dans la nuit un témoignage, qu'elle juge crédible, sur l'endroit où pourrait avoir été enterrée la fillette disparue.
'Information délirante'
Coup médiatique d'une avocate qui cherche à tirer la couverture à elle? L'intéressée se défend. "Les photos n'étaient pas datées. Elles pouvaient correspondre à des déclarations et c'est en parfait accord avec l'avocat général et le président de la cour d'assises qu'il a été décidé de procéder à l'audition de ce témoin", a-t-elle glissé devant les journalistes.
"On se doit de transmettre l'ensemble des informations dont nous sommes destinataires. Il appartient au président - et non à l'avocat - de dire si le témoignage doit être apporté devant la cour d'assises", a encore renchéri celle qui n'a pas non plus hésité à s'en prendre à la témoin.
"Vous avez fait perdre à une cour d'assises plusieurs heures. Vous entravez la justice et vous faites perdre du temps!", a-t-elle fulminé en s'adressant directement à celle qui indiquera pourtant à son retour à la barre que Me Grimaud "était au courant qu'elle était médium". Le ton devient alors houleux et les autres avocats n'hésitent pas à critiquer leur consoeur.
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"Je suis révoltée de cette situation qu'on nous impose. On aurait pu amener ce témoignage de manière plus discrète et prudente", s'indigne Me Mohamed Khanifar, avocat de Berkane Makhlouf. "La cour a été prise en otage (...) Au bout de trois ans et demi de procédure, l'avocat se doit d'être prudent, de vérifier qu'on n'est pas face à une information délirante. C'était le cas, nous l'avons tous subi", a asséné à son tour l'avocat de la mère de la fillette, Me Renaud Portejoie.
L'avocat général a indiqué qu'il verrait avec le parquet général des suites à donner à ce couac, avant de faire savoir qu'une co-détenue de Cécile Bourgeon souhaitait être également entendue. Le sera-t-elle au vue d'une journée où l'institution judiciaire n'est pas sortie grandie ? Rien n'est moins sûr. Le procès continue jeudi avec l'examen des faits.