Un restaurateur italien, un chef finlandais et un paparazzi parmi neuf gardés à vue : le casting des ravisseurs présumés de Jacqueline Veyrac, une riche hôtelière retrouvée saine et sauve deux jours après son enlèvement à Nice, semble confirmer une piste crapuleuse.
Il y a d'abord Giuseppe S. un restaurateur italien originaire de Turin, qui aurait agi, selon les enquêteurs, par vengeance. Entre 2007 et 2009, il avait pris en location-gérance le restaurant La Réserve, à Nice, propriété de la famille Veyrac, mais l'échec avait été retentissant et la société mise en liquidation au bout de deux ans.
A lire aussi : Rapt de Nice : un ancien employé soupçonné d'être le commanditaire
"Il aurait eu l'intention de demander une rançon importante pour récupérer l'argent qu'il avait investi à l'époque, ce dont il tenait Mme Veyrac pour responsable", a indiqué une source proche de l'enquête.
ci-dessus
Parmi les gardés à vue, il y a ensuite Jouni T., un chef cuisinier finlandais, coqueluche des médias, qui s'était associé à Giuseppe d'abord dans l'établissement niçois L'Atelier du goût - qui avait obtenu en 2006 un macaron au célèbre guide Michelin -, avant de se lancer lui aussi dans l'aventure de La Réserve.
Après l'échec de leur entreprise, "les deux hommes s'étaient séparés mais continuaient à se voir", indique la source proche de l'enquête précisant qu'il reste encore à établir la réalité de l'implication du chef finlandais dans ce rapt. "Mais il pouvait aussi en vouloir à Mme Veyrac", observe la source.
ci-dessus
Un ancien photographe de presse reconverti dans les filatures, Luc G., surnommé Tintin, également en garde à vue, aurait joué un rôle plus opérationnel dans l'enlèvement en plaçant des balises sous le véhicule de Mme Veyrac de manière à suivre ses déplacements. Selon le quotidien Nice-Matin, ce paparazzi avait été condamné en 2005 à quatre mois de prison avec sursis et 3.000 euros d'amende pour des clichés volés de la princesse Caroline de Monaco en 1996.
Un Britannique, ancien membre des forces spéciales
Un ancien policier reconverti en détective, selon des informations données par le site de la chaîne de télévision M6, fait aussi partie des personnes entendues en garde à vue. Il n'aurait pas participé à l'enlèvement mais pourrait avoir été mis au courant après, ce qui pourrait lui valoir des poursuites pour non dénonciation de crime ou non assistance à personne en danger.
Ce casting pour le moins hétéroclite comporte aussi un sujet de Sa majesté la reine d'Angleterre, un ancien membre des forces spéciales, selon M6, vivant aujourd'hui en SDF sous une tente sur la promenade des Anglais. "Il s'agit d'une connaissance de Giuseppe et de Luc" qui aurait été recruté pour surveiller les allées et venues de la riche hôtelière, précise la source proche de l'enquête.
L'ancien gérant d'un restaurant soupçonné d'être le commanditaire de l'enlèvement de Jacqueline Veyrachttps://t.co/V5WgBzGlfT pic.twitter.com/4FHYtaOeKD
— Nice-Matin (@Nice_Matin) 28 octobre 2016
Plusieurs hommes de main sont aussi suspectés d'avoir pu procéder à l'enlèvement lundi ou à la surveillance, pendant la séquestration, de la fourgonnette dans laquelle Mme Veyrac est restée ligotée, allongée sur le plancher arrière, pendant quarante-huit heures. Mercredi, à la mi-journée, dans un quartier résidentiel des collines niçoises, un passant, intrigué par une fausse plaque d'immatriculation partiellement décrochée sur cette fourgonnette, découvrait la captive et la libérait.
Neuf personnes étaient toujours entendues samedi dans les locaux de la police judiciaire de Nice sur leur participation présumée à l'enlèvement. Les neuf, ou seulement une partie d'entre elles si les enquêteurs écartaient finalement la responsabilité de certains, seront déférées dimanche matin au parquet de Nice à l'issue des 96 heures de garde à vue qu'autorise l'enquête ouverte en flagrance pour enlèvement et séquestration en bande organisée.
Ce développement de l'enquête paraît ainsi définitivement écarter les autres pistes envisagées au départ d'un différend familial lié à un litige successoral ou encore à des négociations qui auraient mal tourné à propos de la vente présumée du Grand Hôtel de Cannes, un établissement de luxe sis sur la Croisette qui constitue le fleuron du patrimoine de la très discrète hôtelière niçoise et de ses enfants.