Devant faire face à la surpopulation carcérale, les surveillants ne cachent plus leur exaspération. Une situation que l'Etat cherche à améliorer.
Ils sont à bout de nerfs. Les agents pénitentiaires ont mené ce jeudi des actions de blocage devant les prisons pour protester contre la «dégradation constante» de leur sécurité. Un cri d’alarme lancé après une série d’incidents et d’agressions qui, ces dernières semaines, les ont visés directement, relançant le débat sur les conditions de détention. But de la mobilisation : pointer les failles d’un système carcéral à bout de souffle.
La «perte d’autorité» du personnel
Le manque d’espace derrière les barreaux constitue le principal problème. Après avoir battu un record en juillet dernier, la population carcérale totalisait en août 68 819 détenus pour 58 507 places. «Une cellule individuelle accueille parfois deux, voire trois détenus. Le temps consacré aux activités de loisirs et aux douches est de plus en plus réduit», explique Christophe Schmitt, délégué régional de FO Pénitentiaire.
Cette surpopulation chronique frôle «parfois les 200 %», entrave les projets de réhabilitation et se traduit par un regain d’insécurité. Après la tentative d’assassinat de deux fonctionnaires dans le Val-d’Oise et une mutinerie dans la Vienne, mi-septembre, un détenu a agressé mardi cinq surveillants dans un centre de l’Orne. Des violences qui mettent le personnel pénitentiaire particulièrement à cran. «C’est la conséquence directe d’une perte d’autorité», estime le syndicaliste.
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La situation est d’autant plus critique que l’arrivée de détenus jihadistes est une pression de plus sur les gardiens. Non seulement elle oblige à accroître la surveillance, mais également à aménager des unités de prévention de la radicalisation. Et ce, alors même que les agents manquent.
Des cellules supplémentaires
Pour enrayer cette situation, l’Etat veut renforcer les moyens de l’administration pénitentiaire. A commencer par un budget de 40 millions d’euros consacré, dès 2017, à la «sécurisation» des prisons (par exemple via l’installation de nouvelles caméras), a annoncé le garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas.
Face à la pénurie de places, le gouvernement a également prévu de construire au moins 10 000 cellules supplémentaires d’ici à dix ans, dans le cadre d’un vaste plan de rénovation inscrit dans le projet de loi de finances. L’enjeu est, à terme, de parvenir à 80 % d’encellulement individuel, afin d’éviter la «contagion morale» entre prisonniers. Des chiffres peu réalistes, selon les syndicats, qui insistent davantage sur leur propre sécurité et sur un travail de réinsertion des détenus plus soutenu.