L’affaire des bonbonnes de gaz découvertes au cœur de la capitale font craindre l’utilisation de nouvelles méthodes par les jihadistes.
L’enquête se poursuivait ce jeudi à Paris après la découverte, dimanche près de Notre-Dame - l’un des lieux touristiques les plus fréquentés au monde - d’un véhicule rempli de bonbonnes de gaz. Si une possible tentative d’attentat n’a pas été évoquée explicitement, les investigations du parquet antiterroriste montrent que l’affaire est prise très au sérieux par les autorités. Car dans un climat déjà très tendu, l’utilisation d’engins explosifs pourrait s’ajouter aux nombreuses méthodes déjà employées par les jihadistes.
Tuer «par tous les moyens»
Les attaques menées en janvier 2015 à Charlie Hebdo, Montrouge et à l’HyperCacher, puis celles de novembre 2015 à Paris, relevaient d’un même mode opératoire. Celui de commandos entraînés et coordonnées, frappant à l’arme de guerre, dont la plupart des membres avaient effectué des séjours sur les terres de jihad.
A ce type de menace, se sont ajoutés les actes plus isolés, réminiscences des meurtres de Merah en 2012 : l’assassinat au couteau de deux policiers à Magnanville, en juin, ou encore celui d’un prêtre à Saint-Étienne-du-Rouvray, fin juillet. Quelques jours plus tôt, un terroriste fonçait dans la foule avec son camion à Nice. Des actions répondant aux ordres de Daesh, qui a appelé ses partisans à tuer les «incroyants» par tous les moyens, en «frappant», en «égorgeant» ou en «étranglant».
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Les autorités craignent donc aujourd’hui une «nouvelle forme d'attaque, le dépôt d’engins explosifs» parmi la foule, expliquait le patron de la DGSI, Patrick Calvar, avant l’été. Une technique déjà utilisée par le passé en France, lors des attentats de 1995, mais aussi à Madrid, en 2003, et à Londres, en 2005. Selon le spécialiste, qui évoque les véhicules piégés souvent utilisés au Moyen-Orient, les terroristes auraient ainsi la volonté de «monter en puissance» dans l’horreur.
Des retours en masse
Mais l’apparition de nouvelles formes d’attentats ne serait pas le seul danger. Car le nombre de jihadistes potentiels est, lui aussi, sujet d’inquiétude. Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a certes relevé récemment une «nette diminution» du nombre de départs de Français en Irak et en Syrie. Daesh y subit en effet de nombreux revers militaires, face à la coalition internationale.
Mais selon les spécialistes, ce recul pousse le groupe terroriste à frapper hors de son territoire, en exportant sa terreur dans les pays d’origine de ses combattants. Le procureur de Paris, François Molins, parle ainsi de «menace du retour». Selon le dernier décompte du Premier ministre, Manuel Valls, environ 700 Français formés par Daesh pourraient revenir à plus ou plus long terme sur le territoire. Et frapper de quelque manière que ce soit.
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