La décision de la justice antiterroriste de libérer Adel Kermiche, un des deux auteurs de l'attentat jihadiste de Saint-Etienne-du-Rouvray, en l'assignant à résidence sous bracelet électronique, est un "échec, il faut le reconnaître", a estimé vendredi Manuel Valls dans une interview au Monde.
"Cela doit conduire les magistrats à avoir une approche différente, dossier par dossier, compte tenu des pratiques de dissimulation très poussées des jihadistes", déclare le Premier ministre, tout en affirmant qu'il ne sera pas "celui qui, au mépris de tout équilibre des pouvoirs, tomberait dans la facilité de rendre ces juges responsables de cet acte de terrorisme".
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C'est la première fois que l'exécutif reconnaît un échec des autorités après la tuerie au camion de Nice le 14 juillet et l'égorgement d'un prêtre dans son église près de Rouen, le 26 juillet. Dans son entretien, Manuel Valls dit "comprendre les interrogations" suscitées par le suivi judiciaire d'Adel Kermiche, coauteur de l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray. Lui et l'autre tueur, Abdel Malik Petitjean, 19 ans également, faisaient l'objet d'une fiche "S".
Kermiche, 19 ans, qui souffrait de troubles du comportement et était obsédé par la Syrie, a été décrit comme "une bombe à retardement" par plusieurs témoins. Jamais condamné, il avait été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire dès mars 2015 pour avoir tenté de rejoindre les terres du jihad. Après une seconde tentative en mai 2015, il avait été incarcéré, période au cours de laquelle il se serait encore davantage radicalisé, avant d'être libéré en mars 2016, contre l'avis du parquet, et assigné à résidence sous surveillance électronique.