Dans la nuit du 14 juillet, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a foncé délibérément sur une foule à bord d'un camion de 19 tonnes, causant la mort d'au moins 84 personnes et en blessant une multitude. Un homonyme, Mohamed Bouhlel, également d'origine tunisienne et Niçois, paye très chèrement cette similarité.
Actuellement en vacances en Tunisie, Mohammed Bouhlel était loin de s'imaginer l'étendue de l'horreur de l'attentat de Nice. Il ne s'attendait pas non plus à partager, à une particule près, le nom du forcené décédé pendant l'attentat. C'est à travers sa page Facebook que son calvaire débute. Il reçoit de nombreuses invectives, dans lesquelles on l'assimile au terroriste.
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«Je suis assailli de messages de haine sur Facebook. Certains m’écrivent même : va brûler en enfer», déplore Mohamed Bouhlel au site le Plus. Un compte Twitter, du nom de Napoléon (@tprincedelamour) a ainsi tweeté «Le visage du #monstre qui a ensanglanté Nice : #Mohamed Lahouaiej Bouhlel. Qu'il soit maudit! #attentatNice». Le tweet, qui contenait une photo de profil issu du compte Facebook de Mohamed Bouhlel, a été depuis supprimé.
Après publication d'un démenti sur Facebook, M. Bouhlel a porté plainte contre ceux ayant diffusé son image en l'associant à l'identité du tueur. S'il ne connait pas les personnes qui ont proféré ces accusations, il dit avoir été «bien aidé» par des policiers «compréhensifs ». La page Facebook de Mohamed Bouhlel est actuellement désactivée.
Un homme "sous le choc"
«Je n’ai plus les idées claires aujourd’hui. Je suis sous le choc. Être associé à une horreur pareille est très traumatisant», confesse Mohamed Bouhlel. Un traumatisme qui perturbe fortement son retour à Nice. «Ayant très peur de l’accueil que me réserveront ceux qui m’accablent de menaces de mort et d’insultes, j’ai préféré retarder mon retour dans ma ville. Je suis attendu sur mon lieu de travail lundi prochain, mais dans ces conditions, je ne suis pas sûr de pouvoir y être à temps», poursuit-il.
«Niçois et Tunisien, [comme le terroriste, ndlr], je vis depuis dans le malaise total de cette confusion mais aussi, et surtout, dans la douleur. D'autant plus que nous avons beau avoir le même nom et le même prénom, je ne connais absolument pas l'auteur de cette attaque», rappelle M. Bouhlel.
D'un point de vue juridique, la diffamation est une infraction. Dans ce cas présent, sa condamnation peut entrainer jusqu'à 12.000 € d'amende.