Une dizaine d'attaques terroristes, de plus ou moins grande envergure, ont été évitées dans l'Hexagone depuis un an, selon le rapport de la commission d'enquête parlementaire.
"Nous avons tout eu", avait résumé en mai Didier Le Bret, coordinateur national du renseignement, devant cette commission chargée d'étudier l'action de l'Etat, lors des événements tragiques de 2015. Comme le révèle Le Figaro dans son édition du 6 juillet, certains projets d'attentats ou d'assassinats contrecarrés sont de notoriété publique.
C'est le cas pour l'affaire des trois jihadistes qui, en juillet 2015, avaient pour objectif d'enlever un haut-gradé de la base militaire de Port-Vendres, près de Perpignan, et de filmer sa décapitation à la GoPro. Deuxième exemple : l'arrestation en octobre dernier d'un Français de 25 ans se réclamant de Daesh qui voulait assassiner des militaires d'une base de Toulon.
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Autre cas connus : en décembre, l'interpellation à Tours d'un Russe d'origine tchétchène ayant prêté allégeance au même groupe terroriste. Celui-ci comptait "réaliser une action violente" sur des policiers "avant de regagner la zone syro-irakienne pour y mourir en martyr". En mars, enfin, la DGSI arrêtait Reda Kriket à Boulogne-Billancourt et découvrait à Argenteuil une "cache" où étaient entreposés des armes et des explosifs, en vue de commettre un attentat au nom de Daesh.
Un autre 13 novembre déjoué à Paris en mars
D'autres tentatives, en revanche, sont restées plus confidentielles - raisons d'Etat obligent ? - et viennent d'être révélées pour la première fois. Ainsi, à Fontenay-sous-Bois, Salim et Ahmed M., deux frères "velléitaires pour le jihad syrien" étaient arrêtés en octobre pour avoir planifié de s'en prendre à "des militaires, des policiers et/ou des juifs". Dans le même mois, un homme radicalisé en prison projetait d'assassiner une députée parisienne, mais était interpellé "après s'être lui-même dénoncé" auprès des forces de l'ordre.
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Les 15 et 16 décembre derniers, la DGSI arrêtait deux terroristes en puissance qui "projetaient de s'attaquer à des militaires et des policiers orléanais". L'un d'eux, Karim K. avait également "reconnu vouloir assassiner le préfet du Loiret et s'attaquer à une centrale nucléaire", notamment grâce au soutien financier d'un jihadiste français basé en Syrie depuis deux ans.
Révélation encore plus alarmante : le 16 mars, "quatre jeunes femmes, dont trois mineures (...) ont été interpellées à Roubaix, Lyon et Brie-Comte-Robert", alors qu'elles projetaient "d'attaquer une salle de concert, deux cafés et un centre commercial à Paris".
Un usage de technologies cryptées qui complique les interpellations a priori
Selon le rapport de la commission, néanmoins, ces coups de filet n'altèrent en rien les échecs des attentats de janvier et de novembre, qui démontrent que "les terroristes ne relèvent plus d'aucune logique nationale ni dans leur profil ou leur recrutement, ni dans leur mode opératoire et la conception de leurs attaques". En effet, "les commandos ne se sont effectivement rendus sur le territoire français que la veille des attaques, un délai peut-être trop bref pour être repérés par les seuls services français", précise le rapporteur Sébastien Pietrasanta.
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Et de conclure sur le terrorisme à l'heure du 2.0 : "L'explosion des communications électroniques, le développement du darknet, la mise à portée de tous de moyens de communication bénéficiant de puissants chiffrements - telle que l'application de messagerie Telegram - rendent les terroristes plus furtifs aux yeux des services de renseignements et leur imposent d'opérer des sauts capacitaires réguliers."