L'attaque du Bataclan aurait pu être évitée et représente un «échec cruel, lourd de conséquences» des services de renseignements, a estimé mercredi le président de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de 2015, Georges Fenech.
«Bien entendu qu'on aurait pu éviter le Bataclan, s'il n'y avait pas eu des failles dans le renseignement», a asséné sur RFI le député Les Républicains, président de la commission d'enquête sur «les moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015».
«Les trois assaillants du Bataclan, les deux frères Kouachi, Amédy Coulibaly pour l'Hypercacher, étaient tous connus pour leur radicalisation, fichés, condamnés, sous contrôle judiciaire, faisant l'objet de mandats d'arrêt, et ils ont pu circuler avec une facilité déconcertante, se jouer de toutes les frontières, comme Abdelhamid Abaaoud qui a circulé dans toute l'Europe, et ils sont passés à l'acte», a-t-il déploré.
«C'est un échec cruel, très lourd de conséquences, de nos services de renseignement», a jugé le député LR. «On a quand même 150 morts, une succession d'attentats planifiés qui ont complètement échappé à nos radars», a-t-il insisté.
A lire aussi : Attentats de Paris : une reconstitution au Bataclan
«Qui fait quoi aujourd'hui ? Qui est le patron de l'antiterrorisme en France ? Il n'y en a pas», a tranché M. Fenech, ajoutant : «Il y a plusieurs services dont certains dépendent du ministère de l'Intérieur, d'autres dépendent du ministre de la Défense…».
«Il manque une clef de voute, […] une grande agence nationale, qui soit directement rattachée au président de la République et qui ait la tutelle sur tous les renseignements», a plaidé l'élu LR, reprenant la préconisation centrale du rapport de la commission d'enquête. Il faut selon lui «créer une base commune, un fichier commun du renseignement qui n'existe pas aujourd'hui», en ayant un «directeur national du renseignement».
Le député a aussi regretté que «le renseignement pénitentiaire ne donne pas sa (pleine) mesure» malgré une loi votée en 2015 et a souhaité «qu'il y ait une volonté politique pour qu'enfin le renseignement pénitentiaire joue son rôle».
Mardi, le rapporteur de la commission d'enquête parlementaire Sébastien Piétrasanta avait lui estimé que l'attaque du Bataclan aurait difficilement pu être évitée. «Contrecarrer les attaques aurait supposé que les magistrats instructeurs et les agents des services de renseignement aient gardé, personnellement, en mémoire toutes les cibles mentionnées par les terroristes lors de leurs auditions», avait-il dit, en référence aux menaces proférées, en 2009 et 2015, contre la salle.