La France n'était «pas prête» à affronter les attaques jihadistes de 2015, d’après la commission d'enquête parlementaire sur les attentats qui présentait ses conclusions ce mardi.
Il n'y a «pas eu de gros ratés» dans la gestion des attentats parisiens de 2015, mais «notre pays n'était pas préparé» a déclaré le président de la commission, Georges Fenech. Au cours des cinq derniers mois, une trentaine de parlementaires ont procédé à près de 200 heures d'auditions pour enquêter sur «les moyens mis en oeuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015», jour de l'attaque contre Charlie Hebdo.
A lire aussi : L'attaque du Bataclan n'aurait pas pu être évitée
Le soir du 13 novembre, «l'intervention des forces d'intervention a été rapide, efficace et a démontré qu'elles étaient capables de collaborer» a expliqué le rapporteur de la commission, Sébastien Pietrasanta, qui s'interroge toutefois sur «le bien-fondé du maintien de plusieurs forces d'intervention spécialisées» et préconise «la fusion des trois forces d'élite» (GIGN, Raid et BRI).
39 recommandations
Constat globalement positif également sur l'intervention des secours et la prise en charge des victimes qui avaient pourtant fait l’objet de vives critiques. «Les secours ont été gérés dans les meilleures conditions possibles suivant les circonstances» selon Georges Fenech. L’évacuation des victimes a pu être retardée par le fait que les secours d'urgence n'avaient pas accès au périmètre des forces d'intervention relève néanmoins la commission qui dans une liste de 39 propositions préconise l'instauration de «colonnes d'extraction» des victimes.
A lire aussi : Attentats de Paris : Abrini charge Abdeslam
Les recommandations s'attardent longuement sur les services de renseignement. «Les deux grands patrons du renseignement ont reconnu pendant leurs auditions que les attentats de 2015 représentent un ‘échec global du renseignement’», révèle Sébastien Pietrasanta. Selon les parlementaires, la création d'une agence nationale du renseignement est nécessaire, pour une meilleure coordination, citant l’exemple de Saïd Kouachi qui avait totalement échappé à la surveillance des services parce qu’il avait déménagé.
Tout est à faire dans le renseignement pénitentiaire
Le cas d'Amédy Coulibaly, tueur de l'Hyper Cacher en janvier 2015, est également emblématique des failles du renseignement, cette fois-ci pénitentiaire, domaine dans lequel «tout est à faire» a reconnu le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas lors de son audition. Condamné plusieurs fois Coulibaly est sorti de prison sans qu'aucune surveillance ne soit prévue alors même que sa radicalisation ne faisait plus de doute.
A lire aussi : Les terrifiants enregistrements de l’attaque du Bataclan
Quant au cas de Samy Amimour, assaillant du Bataclan qui a pu aller en Syrie en 2013 malgré une interdiction de sortie du territoire, «il est emblématique des défaillances du contrôle judiciaire», estime Sébastien Pietrasanta. «L'ancien juge d'instruction antiterroriste Marc Trévidic, pendant son audition, nous a expliqué que trafiquants de shit et terroristes font l'objet du même traitement, les seconds n'étant pas plus surveillés que les autres», a expliqué le rapporteur.