La Société Générale doit être entendue lundi par un juge d'instruction financier qui enquête sur la plainte pour subornation de témoin déposée par Jérôme Kerviel contre son ancienne banque, a-t-on appris auprès d'un des avocats de l'établissement bancaire.
La banque est convoquée "en vue d'être entendue en qualité de témoin assisté", statut intermédiaire entre celui de mis en examen et de simple témoin, au pôle financier "afin d'expliquer sa position dans cette affaire", a indiqué l'un de ses avocats, Me Jean Veil. Jérôme Kerviel avait déposé plainte en avril 2014 pour subornation de témoin, en l'occurrence son ancien supérieur hiérarchique direct, affirmant qu'il aurait perçu une indemnité d'environ un million d'euros après avoir témoigné en faveur de la banque lors des procès contre l'ancien trader.
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Supérieur direct de Jérôme Kerviel durant près d'un an jusqu'à la révélation des faits, Eric Cordelle avait intenté, en avril 2008, une action aux prud'hommes contre la Société Générale pour contester les conditions de son propre licenciement par la banque. Début février 2013, il s'était désisté de son action et avait témoigné lors des procès contre Jérôme Kerviel, assurant n'avoir rien su des colossales prises de position à risque du trader. Selon David Koubbi, avocat de Jérôme Kerviel, en promettant à M. Cordelle une importante indemnité avant qu'il ne témoigne, la Société Générale se serait rendue coupable de subornation de témoin. "La justice doit chercher à savoir quelle a été la contrepartie de la somme versée", a-t-il estimé.
Mais pour Me Veil, "la procédure a démontré que M. Cordelle n'a participé ni de près ni de loin à la fraude. La banque n'avait donc pas d'autres choix que de régler à l'amiable les modalités de son licenciement". Jérôme Kerviel a connu début juin son premier succès judiciaire: le conseil de prud'hommes de Paris a condamné la banque à lui payer quelque 455.000 euros, estimant qu'il avait été licencié "sans cause réelle ni sérieuse" et dans des conditions "vexatoires". Au pénal, M. Kerviel a été condamné de manière définitive à cinq ans de prison dont trois ferme, entre autres pour "faux et usage de faux". Dans le volet civil de son affaire, les 4,9 milliards d'euros de dommages-intérêts que lui réclame la Société Générale, la cour d'appel de Versailles doit rendre son arrêt le 23 septembre.