Soutenues par une large majorité de Français, les forces de l’ordre ont fait entendre leux voix pour dénoncer les violences des «casseurs».
Un vrai malaise dans les rangs. Une fois n’est pas coutume, des milliers de policiers ont manifesté dans la rue, ce mercredi, à travers le pays, pour dénoncer la «haine anti-flics» dont ils se disent victimes. Un mouvement inédit qui intervient après deux mois d’échauffourées, en marge des nombreuses manifestations contre la loi travail. Car les violents affrontements ont fait monter la tension au fil des semaines, comme en témoigne l’attaque menée au cocktail molotov contre une voiture de police, ce matin près de la place de la République, le point de ralliement des fonctionnaires parisiens.
Organisés pour «casser du flic»
Les forces de l’ordre ont payé un lourd tribut depuis le début des contestations et du mouvement Nuit Debout, avec plus de 350 agents blessés. Ils réclament la «fermeté» de l’Etat face «à la haine développée par une minorité», explique Jean-Claude Delage, le leader du syndicat Alliance. En cause : les «casseurs» contre lesquels ils combattent.
Les CRS, pourtant habitués à gérer les conflits, évoquent une guérilla urbaine sans précédent. L’un d’eux parle de petits groupes «parfaitement organisés», qui «ramassent tout ce qu’ils trouvent» pour «casser du flic délibérément». S’y ajoutent les slogans hostiles dans les cortèges, mais aussi les affiches chocs et les vidéos diffusées en ligne dénonçant les brutalités des mêmes policiers. «On peut comprendre que ces forces de l’ordre soient un peu exaspérées», juge le directeur général de la police nationale, Jean-Marc Falcone, évoquant des équipes soumises «à une grosse pression».
D’autant que les derniers mois ont été particulièrement éprouvants sur le terrain, suite aux attentats jihadistes, à la COP21, et en attendant l’Euro de football, en juin. Un sentiment «d’épuisement et de fatigue» a gagné les troupes, selon les syndicats. Et il pourrait perdurer : l’Assemblée doit donner ce jeudi son feu vert à un troisième prolongement de l’état d’urgence, qui mobilise des milliers de fonctionnaires au quotidien.
Un soutien populaire
A bout de souffle, la police jouit malgré tout d’un soutien massif dans le pays. A commencer par la classe politique, qui a multiplié les messages d’appui. «S’en prendre à eux, c’est s’attaquer à nous tous», a tweeté Manuel Valls, tandis que Nicolas Sarkozy (LR) s’est engagé à recevoir les représentants de la profession la semaine prochaine.
Policiers et gendarmes protègent chaque jour citoyens et institutions. S'en prendre à eux, c'est s’attaquer à nous tous. #AvecNosPoliciers
— Manuel Valls (@manuelvalls) 18 mai 2016
La population n’est pas en reste. Elle qui acclamait ses policiers après les attentats de janvier 2015 a toujours, à une écrasante majorité (82 %), une bonne opinion, selon un sondage Odoxa, diffusé par Le Parisien. Ils sont encore plus nombreux à comprendre leur ras-le-bol (92 %). Mais cette image «exceptionnelle», selon Gaël Sliman, président de l’institut de sondage, sera écornée si les affrontements s’installent dans le temps.