Le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire après que des escrocs se sont fait passer pour le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
Opérant par téléphone, ces derniers ont contacté au cours de l'année 2015 de nombreuses personnes ou institutions dans le but de leur soutirer de l'argent. Etaient notamment visés des chefs d'Etat africains, des ambassadeurs, diverses entreprises ou même des associations humanitaires.
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À chaque fois, les escrocs échafaudaient des scénarios dignes des plus grands films d'espionnage, inventant des histoires de prise d'otages et d'agents secrets. Pour libérer ces agents secrets, disaient-ils, il fallait de l'argent, beaucoup d'argent, et vite.
Il s'agissait ainsi de verser plusieurs millions d'euros, pour payer la rançon prétendument réclamée par des preneurs d'otages, qui en fait n'existaient pas. Tout cela, alors que la ligne officielle de la France est de ne pas céder à ces chantages.
Plus de 20 millions d'euros transférés
Ce type d'arnaque est un classique du genre. L'escroquerie est connue des enquêteurs sous les noms de «faux ordres de virement» (Fovi) ou «fraude au président». Généralement, les malfaiteurs se font passer pour le patron d'une entreprise pour se faire transférer de grosses sommes d'argent par des collaborateurs.
Dans le cas du faux Jean-Yves Le Drian, l'arnaque a toujours échoué, sauf à deux reprises. Et le préjudice est important : 22 millions d'euros selon une source proche du dossier. Toutefois, la majorité des fonds auraient été récupérés ou bloqués.
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Les escrocs courent toujours
L'affaire a démarré en juillet 2015, lorsque les ministères français de la Défense et des Affaires étrangères avaient signalé les faits au parquet de Paris. À l'époque, ce dernier avait confié une enquête préliminaire à l'Office central de répression de la grande délinquance financière (OCRGDF), spécialisé dans ce type d'arnaque.
Avec l'ouverture mercredi d'une information judiciaire pour escroqueries et tentatives d'escroquerie en bande organisée, blanchiment d'escroquerie en bande organisée et usurpation d'identité et de qualité, les investigations seront menées désormais par des juges d'instruction, toujours avec l'aide de l'OCRGDF. Les escrocs, à ce jour, courent toujours.