L'intersyndicale opposée au projet de loi travail (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et FIDL) interpelle les députés pour leur demander de "rejeter" un texte qui risque "dégrader" les droits des salariés et "accroître la précarité", dans un courrier commun dont l'AFP a eu copie samedi.
Dans cette lettre adressée aux présidents de groupes de l'Assemblée nationale, ces syndicats de salariés, d'étudiants et de lycéens, à l'initiative de la mobilisation du 31 mars, appellent à "rejeter ce projet". Ils se disent "disponibles pour échanger", alors que l'examen en commission du projet de loi à l'Assemblée nationale doit commencer mardi.
A lire aussi : "Nuit debout" contre la loi travail : la place de la République évacuée
Nouvelles manifestations et journée de grève en vue
Les organisations de jeunesse ont appelé à des manifestations mardi, tandis les syndicats de salariés se mobiliseront en parallèle pour "interpeller les parlementaires". Une nouvelle "grande journée d’action de grèves et de manifestations" est prévue le samedi 9 avril, à l'appel de l'intersyndicale au complet. Dans leur courrier, les sept syndicats exposent "cinq raisons de fond" à leur demande, en premier lieu "l'affaiblissement de l'ordre social public" qu'entraînerait à leurs yeux la primauté de l'accord d'entreprise sur la convention collective, avec un risque de "dégrader les droits des salariés".
A lire aussi : La manifestation contre la loi travail dégénère
"C'est au niveau de l'entreprise que la pression, le chantage à l'emploi sont les plus forts sur les salariés pour remettre en cause leurs droits et situation", arguent-ils. "Cette logique a conduit, dans les pays qui l'ont pratiquée (Espagne et Portugal notamment), à un effondrement de la négociation collective et à l'augmentation du nombre de salariés non couverts par une convention collective", disent-ils. L'intersyndicale dénonce également les "remises en cause" que constituent, selon eux, les dispositions du projet de loi concernant les heures supplémentaires, la médecine du travail, les licenciements économiques ou la "mise en place de licenciements pour motif personnel" dans le cadre d'accords de développement de l'emploi.
"Un mauvais signal envoyé aux jeunes générations"
"Pour les jeunes générations, le signal donné par ce projet de loi est l’accroissement des inégalités, de la précarité et de la pauvreté. C’est aussi une difficulté plus grande à acquérir leur autonomie", poursuivent les syndicats. Pour eux, les annonces du gouvernement sur la garantie jeunes "relèvent de l'effet d'annonce". Ils jugent que le projet de loi "s'inscrit dans une logique économique libérale et dans une politique d'austérité" qui "conduisent de fait à accroître la flexibilité, la précarité, l’insécurité et même le chômage". Les syndicats se revendiquent comme "porteurs de propositions de droits nouveaux en termes d'emploi, de salaires et pensions, de temps de travail, de protection sociale, de garanties collectives, de conditions de travail, de formation et de droits et libertés syndicales".