À partir du vendredi 1er avril, certaines interventions des pompiers du Calvados seront facturées. Si la décision est mal accueillie par les habitants et déplaît également aux pompiers, elle crée aussi une polémique entre la majorité départementale de droite et l'opposition.
La décision, prise le 21 mars dernier par le conseil d'administration du service départemental d'incendie et de secours (Sdis), d'assortir d'une contribution forfaitaire certaines interventions des pompiers n'en finit pas de faire grincer des dents. Désormais, il en coûtera ainsi 463 euros aux habitants du département normand pour un déblocage d'ascenseur ou pour vérifier qu'il n'y a pas le feu à leur domicile si le détecteur de fumée se met à sonner. Il leur en coûtera même 241 euros pour les aider à se relever en cas de chute.
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«Eviter les appels abusifs»...
Le Sdis, par la voie de son président Jean-Léonce Dupont, qui est aussi le président (UDI) du département, justifie sa décision comme une mesure dissuasive visant à contrer les appels trop fréquents qui peuvent déborder les services des pompiers. Il précise sur son blog que la loi permet d'ailleurs de prendre de telles mesures pour toutes les missions des pompiers qui ne sont pas obligatoires. Il assure en outre que «de nombreux SDIS mettent en œuvre [la facturation] partout en France. Ce n’est donc pas une exception calvadosienne.» Et si le président du SDIS du Calvados approuve cette mesure, c'est pour des raisons financières, «parce que les moyens budgétaires des SDIS proviennent quasi exclusivement des collectivités, départements et communes et que comme chacun le sait le Gouvernement diminue nos dotations».
#Calvados > Certaines interventions des pompiers vont devenir payantes
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...contre «atteinte au service public»
Mais pour l'opposition politique de gauche, la décision est inaceptable. Cette dernière, toutes tendances confondues, est d'ailleurs montée au créneau samedi 26 mars lors d'une conférence de presse pour dénoncer une mesure qu'elle juge néfaste pour la population. «Il s'agit d'une vraie atteinte au service public», a ainsi dénoncé le député PS et ancien maire de Caen Philippe Duron.
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L'opposition accuse Jean-Léonce Dupont de vouloir «faire des économies sur le dos de la santé et de la population», dénonçant tout particulièrement les deux mesures touchant le relevage à domicile et les alarmes incendie. Cette perspective fait également bondir les pompiers caennais dont les relations avec leur tutelle sont déjà tendues. Au début de l'année, ils avaient observé une grève de plusieurs jours, s'estimant «sur-sollicités», après la suppression de 30 postes en 2015 et la fermeture la nuit d'une des casernes de Caen.