Cent ans ont passé depuis le lancement de la bataille de Verdun. Un affrontement gravé dans l’Histoire, devenu aujourd’hui un symbole de la folie guerrière.
Un bout de terre transformé en enfer. Le 21 février 1916 commençait la plus célèbre bataille de la Première guerre mondiale. Un lieu mythique où auront lieu dimanche les premières célébrations de ce centenaire, en présence de Jean-Marc Todeschini, le secrétaire d'État aux Anciens combattants et à la Mémoire. L’occasion de se remémorer le sacrifice des centaines de milliers d’hommes, qui ont laissé leur vie sur ces collines.
300 jours d’apocalypse
Certes moins meurtrière que la bataille de la Somme, (un million de victimes entre juillet et novembre 1916), Verdun et son terrible bilan (plus de 700 000 morts, disparus ou blessés) ont concentré les pires horreurs du premier conflit mondial. Dix mois apocalyptiques initiés par la volonté de l’état-major allemand, fin 1915, d’avancer vers Paris en «saignant à blanc l'armée française».
L’offensive, baptisée «Gericht» («Le Jugement»), engendre un déluge de feu : un obus tombe toutes les 15 secondes, clouant à terre les Poilus. Mais la Résistance et les bombardements français s’organisent, déboûchant au fil des semaines sur un statu-quo fatal. Terrés derrière leurs barbelés, les deux camps s’entretuent pour une colline, une tranchée ou un simple chemin. Les soldats, accroupis dans l’eau glacée au milieu des cadavres, survivent dans un paysage lunaire empli de gaz toxiques. «Les témoignages déclinent le même martyre : la même boue, les mêmes rats, la même soif, la même peur», décrit l’historien Antoine Prost.
Une boucherie sans nom qui s’achèvera le 18 décembre 1916 par une victoire défensive de la France : les positions des deux armées sont quasiment identiques qu’au début 1916. Mais le sol, lui, est gorgé de sang.
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Achevée, Verdun est rapidement devenue «la» bataille de 1914-1918, celle «qu’on est fier d'avoir faite», explique Antoine Prost. Celle où le mot d’ordre de l’Etat, «Ils ne passeront pas», a nourri l’esprit de résistance tricolore. Ce ciment national a été complété par le nombre de soldats y ayant participé : «Dans l'inconscient français, toutes les familles ont quelqu’un qui a fait Verdun», ajoute Jean-Marc Todeschini. Mais la fierté a laissé place, au fil du temps, à la réconciliation. Un pardon franco-allemand incarné par l’image historique de François Mitterrand et Helmut Kohl, main dans la main, en 1984, devant l’ossuaire de Douaumont.
Alors que le dernier poilu, Lazare Ponticelli, s’est éteint en 2008, les autorités veulent aujourd’hui transmettre aux jeunes générations cette union entre anciens ennemis. Pour ne plus jamais revivre la folie de Verdun.