Trois mois après les attentats de Paris, le pays se relève peu à peu. Mais le risque d’être à nouveau la cible du terrorisme est grand, malgré les mesures prises par les autorités.
Si le concert des Eagles of Death Metal, prévu mardi soir à Paris, est une manière d’exorciser les sombres heures de novembre dernier, les stigmates perdurent et la situation n’en reste pas moins alarmante. Car les autorités ne cessent de le répéter : la menace terroriste reste vive. Le pays est désormais en guerre, et va devoir vivre longtemps dans la peur.
Un «hyperterrorisme» bien présent
Le Premier ministre Manuel Valls l’a lui-même avoué samedi, lors de la Conférence sur la sécurité de Munich : «C’est une certitude, il y aura d’autres attentats d’ampleur en Europe». Et d’ajouter que la menace engendrée par cet «hyperterrorisme» est «sans doute» supérieure à celle d’avant le 13 novembre. Un avertissement qui fait écho aux onze attaques officiellement déjouées sur le territoire en 2015, lesquelles visaient, entre autres, des salles de spectacle et des centres-villes.
Depuis les horreurs commises à Paris, la lutte anti-terroriste est décuplée : quarante personnes soupçonnées de jihadisme ont été arrêtées pour le seul début d’année 2016, un chiffre «considérable», selon Bernard Cazeneuve. Mais le risque n’est pas qu’intérieur, sachant que le contingent de combattants français présents avec Daesh en Irak et en Syrie ne se tarit pas. Environ 600 se trouvent dans les zones de combats, et sont autant de candidats à un retour des plus périlleux pour le pays. «Pour toutes ces raisons, il ne nous est pas permis de nous croire à l’abri», insistait récemment le ministre de l’Intérieur.
Un constat que partage François Heisbourg, de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), qui rappelle que la menace est «protéiforme». Expliquant qu’un gros attentat ne nécessite pas forcément de gros moyens, le spécialiste insiste sur l’impossibilité de prédire un quelconque timing d’attaques. Car «les terroristes ne fonctionnent pas en entreprise structurée. Un petit groupe de radicaux peut encore faire, s’il est motivé, d’importants dégâts».
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Confronté à l’une des pires crises sécuritaires depuis plus d’un demi-siècle, l’Etat tente de faire face au danger. L’opération Sentinelle, grâce à laquelle 10 000 soldats protègent les sites sensibles du pays, reste d’actualité, et le Parlement doit voter mardi la prolongation de l’état d’urgence pour trois mois. Mais ce sont davantage la récolte de renseignements, leurs interprétations et la gestion des crises quand elles surviennent qui doivent être améliorés, selon François Heisbourg. Des objectifs qui, même s’il en manque, prendront de temps.