Le 7 janvier 2015, les frères Kouachi décimaient la rédaction de l'hebdomadaire satirique. Après l'horreur, Charlie Hebdo avait reçu des milliers de soutiens venant du monde entier, notamment financiers, pour l'aider à rebondir. Un an après, comment le journal s'est-il reconstruit ?
Quels locaux ?
Après la tuerie, Charlie Hebdo a du déménager, pour les besoins de l'enquête. Les membres de la rédaction ont été dans un premier temps accueillis dans les locaux de Libération, rue Béranger (IIIème). Ils y sont restés pendant neuf mois, avant de pouvoir voler de leurs propres ailes. En septembre, l'hebdomadaire s'est ainsi installé dans des locaux «ultra sécurisés» dont l'adresse est tenue secrète.
D'après Le Parisien, le nouveau siège de 400 mètres carrés de Charlie Hebdo se situerait dans le XIIIème arrondissement de Paris. Le lieu serait en retrait de la rue, et comporterait notamment un sas, des fenêtres blindées et une «safety room», conçue pour résister aux balles.
«C'est un lieu de regroupement, pour empêcher une attaque. C'est un lieu fermé où personne ne peut entrer et qui est étanche. Parce que nous sommes avec un danger potentiel, c'est comme ça. Si on pouvait faire autrement, on le ferait», avait ainsi commenté le chroniqueur Patrick Pelloux à la radio RTL fin septembre. Les anciens locaux, où s'est déroulée la tuerie, cherchent quant à eux de nouveaux locataires.
Avec quels moyens ?
Le journal, qui allait mettre la clé sous la porte avant les attentats, s'est retrouvé du jour au lendemain parmi les titres les plus riches de France. En tout, entre les abonnements (près de 210 000, en septembre) et les ventes en kiosque, Charlie Hebdo a amassé près de 20 millions d'euros. Dans un article du Monde, l'hebdomadaire satirique prévoyait de finir l'année 2015 avec plus de 10 millions d'euros d'excédent.
Dans les semaines qui ont suivi la tuerie, le monde entier s'est mobilisé pour sauver Charlie. Ainsi, près de 4,5 millions d'euros avaient été récoltés. Une somme finalement reversée aux victimes des attentats et à leurs familles, avec l'accord du ministère de l'Economie.
Quelle équipe ?
Les attentats, qui se sont produits en pleine conférence de rédaction, ont décimé l'équipe de journalistes et de dessinateurs. Douze d'entre eux ont ainsi été assassinés le 7 janvier 2015. Seulement, face à l'afflux d'argent, les membres de l'hebdomadaires n'ont pas réussi à se mettre d'accord. la question d'une nouvelle répartition de l'actionariat pose toujours problème. Il est actuellement détenu à 70 % par Riss et 30 % par Eric Portheault, le directeur financier, qui ont ensemble racheté les 40 % que détenait la famille de Charb, décédé au cours de l'attaque.
Riss est également le directeur de la publication et de la rédaction de l'hebdomadaire. C'est cette triple casquette que dénoncent beaucoup de journalistes de Charlie Hebdo. Certains d'entre eux ont monté un collectif et signé une tribune dans Le Monde : ils réclamaient notamment une transparence dans la gestion de l'argent, et proposaient un actionnariat salarié.
Zineb El Rhazoui, collaboratrice du journal, a signé la tribune. Un an après les attentats, elle s'est confiée mardi sur France Inter : «Aujourd'hui, ce que nous voulions éviter, nous salariés, c'est ce qui se passe à chaque fois que beaucoup d'argent et de pouvoir sont concentrés entre très peu de mains. Et aujourd'hui, c'est ça la réalité de Charlie Hebdo», s'est elle ainsi alarmée.
Conséquence des désaccords internes, des journalistes historiques de l'hebdomadaire satirique ont reposé le stylo. Patrick Pelloux et Luz ont ainsi quitté la rédaction de Charlie Hebdo à la suite des attentats.