Au lendemain de la décision de François Hollande d'inscrire dans la Constitution la déchéance de nationalité pour les binationaux nés en France et condamnés pour terrorisme, est jugée sévèrement par nombre de quotidiens, certains jugeant sur le fond, d'autres sur la forme.
Il n'y a guère que Le Figaro (Paul-Henri du Limbert) pour se féliciter de la décision de François Hollande; ""François Hollande aime surprendre, écrit-il. Pour le pire, souvent, pour le meilleur, parfois. Dans cette affaire de déchéance de nationalité, il a choisi la seconde solution. ... Le président a tenu bon et il faut s’en féliciter." Nicolas Beytout (LOpinion) est plus nuancé : cette mesure est "un symbole, et n’est que cela". Mais " c'est aussi cela, le but du terrorisme : nous entraîner vers le toujours plus et finir par nous diviser face à la menace. La déchéance pour tous (les bi-nationaux), un pas trop loin ?" "Il s'agit d'une question de principe", martèle Laurent Joffrin dans Libération en notant que "la gauche accueille avec consternation la décision présidentielle qui déclenche un débat malsain, fort éloigné des impératifs réels de la lutte antiterroriste".
Plus vindicatif encore, Patrick Apel-Muller de L'Humanité estime que "le président a renié deux siècles de combats de la gauche pour ... l’égalité républicaine". "En constitutionnalisant l’état d’urgence, le tandem gouvernant signe sa reddition devant l’idéologie sécuritaire et une défaite pour la démocratie", ajoute L'Huma.
"C’est un pan de la gauche qui se sent trahi", note à cet égard Matthieu Verrier dans la Voix du Nord" qui souligne que "François Hollande doit très vite se remettre à sa cuisine politique." "Quitte à piétiner les derniers idéaux d’une gauche qui n’en finit pas de manger son chapeau", remarque aussi Pascal Coquis (Dernières Nouvelles d'Alsace).
Jean-Louis Hervois pour La Charente Libre justifie ainsi l'attitude de François Holande : "renier un engagement prononcé dans le cadre le plus solennel de la République – le Congrès de Versailles – et dans les circonstances les plus dramatiques – au lendemain des attentats de novembre – ne pouvait que ruiner définitivement l’image d’autorité qu’il s’applique à construire".
"Tant pis si une occasion de faire de la politique autrement a encore été manquée", tempère Pierre Fréhel (Le Républicain Lorrain) tandis que Christophe Bonnefoy , dans la Journal de la Haute-Marne écrit que cette affaire ajoute "au doute ambiant, sur la capacité du gouvernement à mener les affaires de manière sereine, sérieuse et à l’unisson."
De toutes façons, "plus grand monde, même à gauche, ne croit au père Noël, et encore moins au lointain candidat bisounours et ennemi de la finance qui se lançait dans la course à la présidence au Bourget en janvier 2012…", constate Alain Dusart pour le Républicain Lorrain.
Avec cette décision, note Bruno Dive (Sud-Ouest), François Hollande "valorise le Front national (car) cela installe l’idée d’un duel entre Marine Le Pen et le président sortant en 2017." " Il n’y a finalement que le FN qui pavoise, ravi du pataquès provoqué par un sujet sur lequel l’extrême-droite a toujours nourri bien des fantasmes", abonde Laurent Bodin (L'Alsace).
Dans La République des Pyrénées, Jean-Marcel Bouguereau est consterné : "le Front National annonçait que ses parlementaires allaient voter la réforme de la Constitution". "La boucle est bouclée. Dramatiquement. Sinistrement", s'insurge-t-il.