L’assaut mené mercredi à Saint-Denis a permis de neutraliser une cellule terroriste qui pourrait être reliée aux assaillants de vendredi. Mais la menace n’est pas écartée.
Le soulagement pourrait être de courte durée. L’opération d’ampleur menée ce matin peu après 4 heures du matin par les forces de l’ordre à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) a permis de mettre hors d’état de nuire une nouvelle équipe de terroristes, sans doute liée à ceux qui ont semé la mort vendredi dans la capitale. Leur présence dans la proche banlieue de Paris, et leur détermination face aux hommes du Raid et de la BRI, laissent à penser que le pire pouvait sans doute encore arriver dans les jours ou semaines à venir. La vigilance reste d’ailleurs de mise car plusieurs protagonistes pourraient être encore en fuite.
Prêts à «passer à l’acte»
Cinq jours après la série de massacres perpétrés par les jihadistes, l’enquête a connu hier un véritable coup d’accélérateur avec l’interpellation de huit suspects (sept hommes et une femme), et la mort d’au moins deux terroristes. L’un d’eux, qui pourrait être une femme, a actionné sa ceinture d’explosifs lors de l’assaut, preuve de sa volonté de ne rien révéler à la police française. Car les questions à éclaircir sont encore nombreuses pour les enquêteurs. Que faisait ce groupe à seulement quelques encablures du Stade de France ? Pour le procureur de Paris, François Molins, la réponse est simple mais glaçante : ces personnes étaient bel et bien prêtes à «passer à l’acte».
Il pourrait donc s’agir d’une cellule de soutien destinée à prendre le relais après les attaques de vendredi. D’après France 2, les cibles du groupuscule étaient même déjà désignées, puisque l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle et le quartier d’affaires de La Défense, auraient pu être les théâtres de nouveaux bains de sang. Des drames évités parmi bien d’autres, car selon l’Intérieur, pas moins de six attentats ont été déjoués en France depuis le printemps. Malgré un dispositif de sécurité renforcé, le «risque zéro n’existe pas», a rappelé Manuel Valls. D’autres cellules pourraient donc être découvertes prochainement.
Des zones d’ombre à éclaircir
La principale cible des hommes du Raid et de la BRI était hier Abdelhamid Abaaoud, un Belge de 28 ans soupçonné d’être le cerveau des opérations de vendredi soir. Mais celui que l’on surnomme le «Boucher de Raqqa», un membre actif de Daesh, ne fait pas partie des huit individus placés en garde à vue, a indiqué le procureur de Paris. S’il n’est pas l’un des terroristes tués à Saint-Denis, dont les corps étaient toujours en cours d’identification dans la soirée, il serait encore en liberté, narguant les polices européennes.
La même question se pose concernant Salah Abdeslam. Frère d’un des kamikazes du Stade de France, il a participé activement à l’aspect logistique des attaques, en louant plusieurs véhicules et appartements ayant servi, la semaine dernière, aux membres du commando qui a frappé vendredi. Par ailleurs, les images de vidéosurveillance exploitées par les enquêteurs ont montré qu’un neuvième homme aurait agi dans les attentats de Paris, en plus des huit déjà repérés. L’individu pourrait être lui aussi en fuite.