L'École nationale d'administration fête ses 70 ans ce vendredi 9 octobre. Quel est l'essentiel à savoir sur cette institution qui cristallise de nombreux fantasmes ?
• L'origine. L'école a été créée au sortir de la Seconde guerre mondiale, sur une initiative du Conseil national de la résistance. L'ordonnance du 9 octobre 1945 précise qu'il s'agit de "refondre la machine administrative française".
Le principe de l'admission sur concours doit permettre une stricte égalité des chances et éviter le népotisme. C'est la même logique qui explique que le classement des élèves à la sortie détermine leur poste dans l'administration publique.
• La scolarité. Les étudiants qui réussissent le concours intègrent l'ENA pour une durée de deux ans, dont une grande partie est consacrée aux stages. Outre le traditionnel stage en préfecture, ils éffectuent également des stages à l'étranger, le plus souvent en ambassade, et en entreprise.
Considérés comme des fonctionnaires dès leur entrée à l'école, les élèves sont rémunérés durant leur scolarité. Ils s'engagent en contrepartie à servir la fonction publique pendant au moins dix ans.
La prochaine promotion, qui fera sa rentrée à l'école en janvier, suivra un programme légèrement réformé, plus axée sur le management public, l'éthique et l'innovation.
© Christophe Urban / ENA
• Le lieu. Les 34 premières promotions de l'Éna ont suivi leur scolarité au 56, rue des Saints Pères, dans le 7eme arrondissement de Paris.
Le bâtiment communique avec le 27, rue Saint Guillaume, qui abrite Sciences Po. Les étudiants de l'Institut d'études politiques qui intégraient l'ENA avaient ainsi l'habitude de dire qu'ils "traversaient le jardin".
L'école a ensuite déménagé à Paris, avant d'être délocalisée à Strasbourg en 1991. À l'époque, l'objectif est double. D'un côté, donner un signal fort en matière de décentralisation et casser l'image d'une élite exclusivement parisienne. De l'autre, rapprocher l'école des institutions européennes.
Si l'essentiel des enseignements de l'ENA sont aujourd'hui dispensés à Strasbourg, l'école dispose encore d'un bâtiment parisien, avenue de l'Observatoire, dans les anciens locaux de l'école nationale de la France d'outre-mer.
© Christophe Urban / ENA
• Les anciens élèves. La grande majorité des anciens élèves de l'ENA deviennent hauts fonctionnaires. Traditionnellement, les sortants les mieux classés choisissent d'intégrer l'Inspection des Finances, la Cour des Comptes où le Conseil d'État. Ces trois corps particulièrement prestigieux sont surnommés "la botte".
Mais de nombreux énarques font également carrière dans la diplomatie, le corps préfectoral, les tribunaux administratifs ou encore l'administration des différents ministères.
Contrairement à une idée répandue, seulement 1% des anciens élèves ont mené une carrière politique nationale. Parmi eux, trois présidents de la République : Valery Giscard d'Estaing, Jacques Chirac et François Hollande.
Une petite proportion (5%) se tourne vers le secteur privé. C'est notamment le cas de Michel Pébereau, l'ancien patron de BNP-Paribas, ou de Guillaume Pépy, le président de la SNCF.