De nombreux migrants ont encore tenté dans la nuit de jeudi à vendredi de s'introduire sur le site du tunnel sous la Manche, mais se sont heurtés aux renforts policiers qui ont sécurisé les quais et facilité l'écoulement du trafic.
Plus "de 1.000 tentatives" d'intrusion de migrants souhaitant rejoindre la Grande-Bretagne ont ainsi été dénombrées par les policiers chargés de faire régner l'ordre à Coquelles (Pas-de-Calais), a-t-on appris de source policière. Mais la plupart des migrants n'ont pas pu aller au bout de leur tentative et atteindre les navettes d'Eurotunnel.
"Je n'ai pas réussi à rentrer dans la gare cette fois-ci" car "c'était très dur, il y avait beaucoup plus de sécurité que les jours précédents", déclare Reza, un Afghan de 20 ans, qui sort de sa tente en se frottant les yeux après une courte nuit de sommeil. "Hier (jeudi), on n'avait aucune chance. Il y avait trop de policiers, encore plus qu'avant", estime pour sa part Baby, un Érythréen de 27 ans, à Calais depuis 30 mois.
Une autre source policière avançait même le chiffre de "1.400 intrusions" entre 22H00 jeudi et 07H00 vendredi matin, et 450 interceptions, contre 300 la nuit précédente. Elle se félicitait néanmoins du fait que "il y a eu beaucoup moins de présence (NDLR: de migrants) au niveau des quais (d'Eurotunnel, ndlr).
Le tunnel sous la Manche fait l'objet, depuis le renforcement de la sécurité au port voisin début juin, de tentatives massives d'intrusion de migrants prêts à tout pour gagner la Grande-Bretagne, qu'ils voient comme un "eldorado". De source policière, les forces de l'ordre avaient comptabilisé dans la nuit de mercredi à jeudi 800 à 1.000 clandestins aux abords du tunnel, et coupé court à environ 300 tentatives d'y pénétrer pour monter sur des navettes Eurotunnel à destination de l'Angleterre.
Fin des renforts, mercredi ?
Depuis deux jours, s'il n'y a qu'une très légère accalmie par rapport aux deux nuits précédentes lors desquelles, à chaque fois, quelque 2.000 tentatives ont été dénombrées, les forces de l'ordre semblent avoir repris le contrôle de la situation. Sans être en mesure de confirmer ou non ces chiffres, une porte-parole d'Eurotunnel a indiqué que le site subissait "beaucoup moins de perturbations depuis l'arrivée des renforts" de 120 policiers supplémentaires qui s'ajoutent au contingent de 300 déjà déployés sur le Calaisis.
Mais cette baisse des incidents sur le tunnel pourrait être de courte durée: "tout ça est très provisoire", a indiqué une source policière, qui affirme que les renforts ne resteront pas au-delà de mercredi prochain. "Après le 5 août, les intrusions vont recommencer à se multiplier", craignait-elle. Et la série d'accidents tragiques de reprendre, comme dans la nuit de mardi à mercredi où un Soudanais a trouvé la mort, portant à dix le nombre de décès sur le site depuis début juin.
"La situation est inacceptable. Des gens essaient d'entrer illégalement dans notre pays et ici les routiers et vacanciers font face à des perturbations. Nous allons envoyer des clôtures, des chiens renifleurs et des moyens supplémentaires", a déclaré le Premier ministre britannique David Cameron. François Hollande a indiqué vendredi qu'il aurait dans la soirée "une discussion avec M. Cameron". "Nous devons prendre nos responsabilités. Et la France le fait avec fermeté en respectant la sécurité et la dignité des personnes. La France ne peut pas agir seule. Ce sera le sens de la discussion avec les Britanniques", a-t-il ajouté.
Le ministre de l'Intérieur français, Bernard Cazeneuve, avait plus tôt souligné "la qualité" de la collaboration entre les gouvernements français et britannique et affirmé en réponse à des tabloïds britanniques que "nous n'avons aucune leçon à recevoir d'aucune sorte quant à la mobilisation des moyens mis en oeuvre par le gouvernement français. Londres avait annoncé mardi une rallonge de 7 millions de livres (10 millions d'euros) pour renforcer la sécurité du site d'Eurotunnel à Coquelles, qui s'ajoutent aux 15 millions de livres déjà débloqués en septembre et début juillet dédiés à sécuriser la région du Calaisis.