L’Etat accélère pour la sécurité routière. Alors que 2014 a vu le nombre de morts sur les routes (3 388) augmenter de 3,7 %, 2015 n’a pas infléchi la tendance. Les autorités avaient présenté en janvier un plan pour contenir ce fléau, dont trois mesures majeures entrent en vigueur aujourd’hui. Alcool, vitesse et oreillettes sont dans le viseur, avec toujours l’objectif de passer sous la barre des 2 000 tués par an d’ici à 2020.
Premier danger concerné, l’alcool, impliquée dans environ un tiers des accidents, avec comme premières victimes les jeunes. Le taux d’alcoolémie est abaissé de 0,5 g/l de sang à 0,2 pour les automobilistes novices, disposant d’un permis probatoire. Cette tolérance zéro interdit toute prise d’alcool car un verre équivaut en moyenne à 0,25 g/l.
Mais le taux de 0 g/l n’a pas été retenu pour tenir compte de la prise de médicaments pouvant en contenir. Selon un récent sondage CSA pour Direct Matin, 73 % des Français sont favorables à une généralisation de cette baisse à tous les conducteurs, car «l’alcool au volant ne concerne pas que les jeunes», souligne Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière.
Tolérance zéro pour les jeunes
L’accent devrait d’ailleurs davantage être mis, selon elle, sur les alcoolémies supérieures à 1 g/l de sang. Autre mesure, l’expérimentation d’une baisse de la vitesse de 90 à 80 km/h sur plusieurs tronçons de la Drôme, la Haute-Saône, l’Yonne et de la Nièvre. Le but : observer les effets d’un coup de frein sur ces routes accidentogènes, sachant qu’un accident mortel sur cinq est dû à une vitesse excessive. L’Etat ne s’est pas avancé sur une généralisation, au grand dam d’associations, selon lesquelles elle permettrait de sauver plusieurs centaines de vies par an.
Enfin, c’est aujourd’hui la fin des dispositifs émettant du son à l’oreille des conducteurs (kit mains libres, oreillette, casque audio…), y compris pour les motos, scooters et vélos. Seuls sont autorisés les systèmes Bluetooth intégrés dans les véhicules. Par ce bannissement, l’Etat souhaite juguler une pratique banalisée (seuls 51 % des conducteurs pensent que le téléphone présente un risque) mais dangereuse, car impliquée dans un accident sur dix.
Des pistes encore à explorer
D’autres initiatives sont encore en chantier, comme le gilet jaune embarqué pour les deux-roues, la modernisation des radars ou la réglementation sur les vitres teintées, qui masquent le regard du conducteur.
Mais les associations aimeraient aller encore plus loin pour réduire la mortalité. Chantal Perrichon milite ainsi pour une meilleure utilisation des éthylotests anti-démarrage (EAD) contre l’alcool et un déploiement du limitateur de vitesse (Lavia). Mais aussi la mise en place des boîtes noires dans les voitures, susceptibles de donner des informations sur les accidents, pour mieux les éviter par la suite.