L'auteur présumé de l'attentat de Saint-Quentin-Fallavier (Isère), Yassin Salhi, 35 ans, s'est radicalisé à Pontarlier (Doubs) au début des années 2000 au contact d'un homme soupçonné d'avoir préparé avec des militants d'Al-Qaïda des attentats en Indonésie, a-t-on appris samedi de sources concordantes.
Aucun élément ne permet pour l'heure de relier cet homme, Frédéric Jean Salvi, à l'action terroriste de vendredi, qui a coûté la vie à un chef d'entreprise du Rhône, dont le corps a été retrouvé décapité, ont toutefois relevé des sources proches du dossier. Arrêté en 2000 et condamné pour un trafic de stupéfiants à la faculté des sports de Besançon (Staps) où il étudiait, Salvi est libéré en 2001 et revient en 2003-2004 à Pontarlier, sa ville natale, selon une source proche de l'enquête. Durant sa détention, il s'est converti à l'islam et semble s'être radicalisé.
Yassin Salhi, dont le casier judiciaire est vierge, est repéré par les services spécialisés au sein d'un groupe de sept ou huit jeunes adeptes de l'islam radical sous l'influence de Salvi, alias Ali ou "le Grand Ali", qui fréquente la mosquée de Pontarlier. C'est ce qui avait attiré l'attention des services de renseignement sur Salhi, qui sera l'objet d'une "fiche S" entre 2006 et 2008, a indiqué une source proche du dossier. Salhi est réapparu plus récemment, mais de manière moins précise, par le biais de signalements effectués par son voisinage sur des agissements jugés suspects, selon une autre source proche du dossier.
Interpol sollicitée
Salvi, 36 ans, et aujourd'hui père de deux filles, aurait quitté la France en 2008. Son nom réapparaît en août 2010. Il est désigné par les autorités indonésiennes comme un suspect dans un projet d'attentat avec des militants d'Al-Qaïda à Djakarta. Salvi échappe à ce coup de filet, mais la police indonésienne arrête cinq personnes sur l'île de Java et saisit des substances explosives dans un atelier clandestin, ainsi qu'un véhicule appartenant à ce Français, qui devait semble-t-il servir à commettre un attentat à la voiture piégée. La police avait alors sollicité l'aide d'Interpol pour le retrouver.
Frédéric Jean Salvi est désormais installé dans une ville britannique, selon une source proche du dossier qui n'a pas précisé laquelle, ni s'il y entretenait toujours des liens avec la mouvance islamiste radicale. "Les derniers contacts identifiés entre Salvi et Salhi remontent à assez longtemps", selon cette source. Des vérifications sont en cours pour voir s'il y a eu des contacts entre les deux hommes plus récemment.
Fréquentation
"Ces deux jeunes se fréquentaient", a assuré à l'AFP un fidèle de la mosquée de Pontarlier, interrogé par l'AFP. "Nous, on ne faisait pas attention. Ils se rencontraient chez eux, pas à l'intérieur de la mosquée. On savait qu'ils se voyaient entre eux. On ne savait pas ce qu'ils faisaient. Après, je ne sais pas qui était sous l'influence de l'autre", a commenté cette source, sous couvert d'anonymat. "Au départ, je pense qu'ils ont discuté ensemble sur l'islam. Peut-être qu'ils avaient la même vision de l'islam", a-t-il ajouté. "Yassin était fragile: il avait perdu son père, sa mère était partie au Maroc. Le problème c'est qu'il était jeune, je ne pense pas qu'il a attendu d'avoir une famille et des enfants (pour se radicaliser) et passer à l'action", a-t-il commenté.
"Le +Grand Ali+ s'est radicalisé en prison. Tout le monde le connaissait parce qu'il était grand, calme. Il avait tenté d'installer une mouvance radicale à la mosquée mais ça na pas marché", a affirmé cette source qui se souvient qu'"une fois, il a essayé de prendre la parole à la place de l'imam" avant d'être rappelé à l'ordre. Après cet incident, "le Grand Ali a commencé à se réunir avec des jeunes de Besançon", a-t-il ajouté.