Malgré le contexte de rigueur budgétaire, le président a pris la décision d'augmenter le budget de la Défense pour faire face à la menace terroriste.
C’était un arbitrage très attendu. À l’issue d’un conseil de défense crucial à l’Élysée, François Hollande a annoncé mercredi 29 novembre l’allocation de près de 4 milliards d’euros supplémentaires à la défense entre 2016 et 2019.
Une décision qui n’avait rien d’évident en cette période de rigueur budgétaire, alors que l’État cherche par tous les moyens à faire des économies. Mais après les attentats qui ont visé la France en janvier, le président a estimé qu’une réévaluation des moyens de l’armée était bel et bien nécessaire.
3,8 milliards d’euros sur trois ans
"La sécurité, la protection, l’indépendance sont des principes qui ne se négocient pas", a expliqué François Hollande pour justifier son choix. Il a en effet décidé d’accorder à l’hôtel de Brienne 3,8 milliards d’euros supplémentaires sur trois ans, qui serviront entre autre à renforcer la cyberdéfense et les renseignements. C’est peu, comparé aux revendications du ministère de la Défense, qui estimait ses besoins à 8 d’euros, mais dans un contexte où tous les ministères sont priés de serrer la vis, le symbole est fort.
Alors que la loi de programmation militaire 2014-2019, votée en 2013, prévoyait la suppression de près de 34 000 postes, 18 500 seront finalement préservés. En outre, le président a annoncé la sanctuarisation du budget de la défense de 2015 (31,4 milliards d’euros), mettant fin à un litige avec Bercy, au sujet d’un trou de trésorerie de plus de deux milliards d’euros. Il a enfin affirmé que l’opération "Sentinelle", déployée dans tout le pays à la suite de la crise terroriste, allait être pérennisée. Ce programme mobilise actuellement 10 000 soldats pour protéger les sites sensibles, pour un coût d’un million d’euros par jour. Il sera maintenu à long terme, avec 7 000 hommes alloués en permanence à la sécurité nationale.
Une manière pour le Président de montrer aux citoyens que tous les moyens seront mis en œuvre pour contrer la menace terroriste. «C’est un message adressé à la population plus qu’aux militaires », analyse Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l’Institut des relations internationales et stratégiques.
Un costume de chef de guerre
Pour François Hollande, cet arbitrage est une nouvelle occasion d’incarner sa fonction régalienne de chef de guerre. "J’ai pris cette décision comme chef des armées (...), j’ai fait ce choix parce que c’est celui de la France, de sa protection et de sa sécurité", a-t-il ainsi affirmé. Une posture martiale que le président affectionne particulièrement. "C’est ce qu’on observe depuis le début de son mandat, explique Jean-Pierre Maulny, notamment depuis le Mali, où la décision de lancer l’opération avait été prise en 24 heures".
Dans un premier temps limité aux interventions extérieures, le costume de chef militaire de François Hollande a pris une nouvelle dimension depuis les attentats de janvier. Et il est bien placé pour savoir que cela plait : lorsqu’il avait réuni en 48 heures 40 chefs d’État pour une grande marche républicaine, les citoyens y ont participé par millions... et le président a connu un rebond inédit dans les sondages.