Le tribunal correctionnel de Rennes passe au crible mercredi l'intervention de la police le 27 octobre 2005, qui s'était terminée par la mort de Zyed et Bouna dans un site EDF de Clichy-sous-Bois.
Après la lecture du témoignage de la personne qui avait appelé ce jour-là la police à 17h21 pour signaler la présence de jeunes dans un chantier de Livry-Gargan, le tribunal a diffusé l'enregistrement des conversations de la police lors de leur intervention.
Tout commence par l'arrivée d'un équipage de la brigade anti-criminalité (BAC), qui va interpeller un jeune faisant le guet et mettre en fuite les autres. Puis se joindront à eux les renforts qui vont tenter d'interpeller les autres jeunes qui s'enfuient en direction de Clichy-sous-Bois.
Les policiers parlent alors d'"au moins six à courir". Puis ils en repèrent "deux-trois" qui s'enfoncent dans un bois qui mène au site EDF de Clichy-sous-Bois.
Des jeunes sont ensuite signalés dans le cimetière qui jouxte le site. Le véhicule de la police de proximité sous les ordres du gardien de la paix Sébastien Gaillemin se rend alors au cimetière.
"Je ne donne pas cher de leur peau"
"Ils sont en train d'enjamber pour entrer sur le site EDF", lâche-t-il. Quelques secondes plus tard, il précise: "je pense qu'ils sont en train de s'introduire sur le site EDF". Puis il commente: "s'ils rentrent sur le site EDF, je ne donne pas cher de leur peau".
La voix essoufflée, il annonce ensuite l'interpellation de deux jeunes dans le cimetière. La poursuite prend fin, six jeunes ont été interpellés en tout.
Les trois jeunes qui ont pénétré sur le site EDF vont décéder près de 30 minutes plus tard, à 18h11, dans un local abritant une réactance, un dispositif particulièrement dangereux. Bouna Traoré, 15 ans, et Zyed Benna, 17 ans, vont être mortellement électrocutés. Leur camarade Muhittin Altun, sera grièvement blessé.
M. Gaillemin, 41 ans, et Stéphanie Klein, 38 ans, qui était à la salle radio, comparaissent jusqu'à vendredi pour non-assistance à personne en danger. Ils encourent au maximum cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende.
Le procès, dépaysé à Rennes, intervient après dix ans de procédures judiciaires.