Les incidents survenus autour de sites sensibles se sont succédé ces derniers mois sur le territoire. Mais retrouver les responsables s’avère difficile.
La menace vient du ciel. L’ambassade des Etats-Unis, la tour Eiffel, la Concorde, la tour Montparnasse… C’est un véritable quadrillage aérien qui a été constaté dans la nuit de lundi à mardi à Paris. Des survols de drones mystérieux, non revendiqués, qui posent une nouvelle fois la question de l’encadrement de ces engins. Et inquiètent d’autant plus que le phénomène grandit.
Les centrales, cibles privilégiées
L’incident parisien, étalé entre minuit et 6h, n’est pas inédit. Selon un enquêteur, des drones ont déjà été aperçus dans la capitale, mais jamais autant "en une seule nuit". Dans un contexte post-attentats où le plan Vigipirate est à son niveau maximum en Ile-de-France, les services de police sont à pied d’œuvre pour retrouver les auteurs d’une action loin d’être isolée.
Car elle fait écho aux survols similaires survenus ces derniers mois sur le territoire. Creys-Malville (Isère), Gravelines (Nord), Cattenom (Moselle), Bugey (Ain), Nogent-sur-Seine (Aube), Dampierre (Loiret)… Longue est la liste des centrales nucléaires dont l’espace aérien a été "visité" depuis l’été dernier.
Des actes, certes, sans conséquences, mais réalisés sur des sites très sensibles. Le point d’orgue avait même été atteint fin janvier, l’armée française indiquant alors que des appareils volants avaient été repérés à proximité du site militaire de l’île Longue, dans la rade de Brest, base des sous-marins nucléaires. Un site – en théorie – ultraprotégé. Quelques jours plus tôt, le palais de l’Elysée lui-même avait été le théâtre d’un incident similaire.
Une "provocation" envers l’Etat
Pour les autorités, le mystère est entier. "Est-ce un jeu, des repérages pour une action future ?", s’interrogeait hier un commissaire parisien. Et une source policière de reconnaître : "Pour l’instant, [...] on n’est pas forcément au point." Pourtant, l’engouement est réel.
Selon le magazine consacré au sujet, Drone Multirotor, il y aurait aujourd’hui en France pas moins de 150 000 machines de ce type. Si certaines sont accessibles pour quelques centaines d’euros, les survols en question "ne sont pas l’œuvre de petits plaisantins, mais une provocation organisée pour montrer à l’Etat qu’il n’a pas les moyens d’intervenir", explique le criminologue Christophe Naudin, spécialiste de la sûreté aérienne.
Selon lui, le ou les appareils utilisés à Paris, d’origine semi-professionnelle voire professionnelle, étaient quasi indétectables car fonctionnant en autopilote, avec un plan de vol programmé. Inutile, donc, de brouiller une quelconque transmission entre le pilote et son drone.
S’ils ne constituent pas une menace directe pour la sécurité nationale, ces actes représentent un réel danger, note aussi Christophe Naudin, celui de tomber au sol, sur les passants. D’où la stricte législation en vigueur et la sanction encourue pour les responsables, jusqu’à un an de prison et 75 000 euros d’amende.