Une vingtaine de personnes ont été interpellées en marge de deux manifestations qui ont eu lieu samedi à Nantes et à Toulouse, contre les violences policières et pour les "zones à défendre" (ZAD), et qui ont été marquées par des heurts avec les forces de l'ordre et par des dégradations.
La manifestation de Nantes a rassemblé quelque 800 personnes; celle de Toulouse près de 500 personnes, selon la police.
À Toulouse, pas moins de 17 manifestants ont été interpellés, principalement des casseurs, et 10 à Nantes, avant que les manifestations dans les deux villes ne se dispersent vers 18h00.
Pierres contre canons à eau
À Nantes, les manifestants ont défilé derrière une banderole "Contre les violences policières, sociales, économiques... Résistance" samedi dès 14h00.
La tension est montée d'un cran peu avant 16h00, quand des manifestants encagoulés ont lancé des pierres vers les forces de l'ordre, qui ont répliqué avec des canons à eau pour tenter de les disperser, a constaté un photographe de l'AFP.
Dégats et blessés
Un policier a été blessé légèrement au thorax par un jet de pierre et transporté à l'hôpital. Au moins un manifestant a été blessé et pris en charge par les secours, selon le photographe de l'AFP.
Des dégâts ont été constatés dans la ville, avec notamment des abris bus détruits et des poubelles incendiées.
Cette manifestation était organisée un an après la protestation du 22 février 2014 contre l'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, qui avait réuni 20.000 à 50.000 personnes à Nantes, selon les sources. Des heurts violents avaient alors fait de nombreux blessés, dont trois manifestants qui avaient perdu un œil, après des tirs de balles souples de type Flashball ou LBD40.
Soutien aux ZAD
À Toulouse, une manifestation en soutien aux "zones à défendre" (ZAD) a eu lieu au même moment contre "l'agriculture intensive et le monde des bétonneurs".
Là aussi, la situation a dégénéré à partir de 16h00: les forces de l'ordre ont répliqué aux jets de peinture des manifestants par des gaz lacrymogènes, tandis que les casseurs ont commencé à sévir.
Vitrines cassées
Au moins deux vitrines ont été entièrement détruites. Des dizaines d'impacts de masses ou de pics étaient relevés par un journaliste de l'AFP sur les vitrines d'organismes bancaires, d'agences immobilières, de magasins de vêtements ou d'aménagement de la maison.
L'auteur de la destruction de la vitrine d'un magasin de chaussures a été arrêté en possession d'un burin et de plusieurs marteaux, selon la police.
Cinquantaine de casseurs
Les casseurs étaient "une cinquantaine, masqués contre les lacrymogènes, ils avaient l'intention de casser, avec des masses, des marteaux, des galets", a affirmé le vice-président des commerçants du quartier où ont eu lieu ces dégradations, Laurent Lopez, qui a vu sa vitrine étoilée par un coup de masse.
"Il y a un sacré ras-le-bol, nous avons eu déjà quatre samedis amputés par les manifestations sur Sivens en novembre, le préfet doit prendre ses responsabilités, dire stop sur les manifestations", a-t-il déclaré à l'AFP.
"Flics assassins"
Les manifestants, pour beaucoup le visage masqué, avaient déployé en tête de cortège une banderole noire aux lettres blanches, à la mémoire du jeune écologiste Rémi Fraisse, tué par une grenade défensive de la gendarmerie sur le site du projet contesté du barrage de Sivens (Tarn) le 26 octobre 2014.
Sur une autre banderole, un avertissement: "Il n'y a pas de planète B : ZAD partout". Les manifestants ont aussi scandé des slogans comme "Tout le monde déteste la police", "Flics assassins".
Etaient visibles quelques drapeaux du NPA (extrême gauche), co-organisateur de la manifestation. Plusieurs dizaines de jeunes s'étaient grimés en clowns, quelques autres étaient déguisés en plante.
Dispersion vers 18h
À Toulouse comme à Nantes, le dispositif des forces de l'ordre était particulièrement important, les précédentes manifestations du même type ayant donné lieu à de nombreux affrontements et dégradations dans les deux villes.
Les manifestants se sont dispersés, à Nantes comme à Toulouse, vers 18h00.