Alors que la loi pour la croissance et l’activité, dite loi Macron, est toujours en discussion à l’Assemblée nationale, le syndicat CFTC s’est élevé contre l’absence d’étude d’impact précise sur certains points du texte, notamment l’ouverture des magasins le dimanche. Pour son président, Philippe Louis, une telle mesure n’aurait que peu d’effets sur l’emploi.
Pourquoi réclamez-vous une autre étude d’impact sur l’ouverture des magasins le dimanche ?
Celles qui ont été transmises jusqu’ici sont partielles. Des études ont été faites, notamment en Italie, et ont montré que l’ouverture dominicale a détruit plus d’emplois qu’elle n’en a créés. Un autre exemple est celui de Marseille : dans certains quartiers où les magasins ont été ouverts le dimanche, les commerçants ferment car ils s’aperçoivent qu’ils ne font pas d’affaires.
Dans quel but s’opposer au travail le dimanche ?
C’est une journée réservée aux familles, qui crée du lien social. Autant de choses mises à mal par la loi Macron. L’ouverture dominicale aura beaucoup de répercussions sur la vie quotidienne et posera des problèmes, comme celui de la garde des enfants pour les personnes qui travailleront ce jour-là.
Espérez-vous des infléchissements lors de l’examen du texte ?
Nous avons écrit aux députés pour dénoncer ces approximations. Dans certains cas, dans les zones touristiques, la question doit être posée. Nous sommes contre une ouverture systématique. Il ne faut pas tout déréguler, mais regarder où se trouvent les besoins réels.
François Rebsamen a présenté un plan de lutte contre le chômage de longue durée. Est-ce une bonne initiative ou un vœu pieux du gouvernement ?
C’est une initiative bonne à prendre car on ne peut accepter un chômage de longue durée qui ne cesse de progresser. Ce n’est pas inéluctable. Parmi les propositions, plusieurs font partie de celles de la CFTC. Nous sommes favorables à un accompagnement beaucoup plus pragmatique de ces demandeurs d’emploi. Il ne suffit plus de leur retrouver un poste ou de les former, il faut également prendre en compte leurs problèmes de logement ou de transport. Mais les mesures ne doivent pas se cantonner aux chômeurs de longue durée, il faut également prendre le problème en amont.
Pensez-vous que le patronat ralentisse la mise en œuvre du pacte de responsabilité ?
L’année dernière, ce pacte de responsabilité n’était pas concret pour les entreprises dans la mesure où les baisses de charge n’étaient pas encore entrées en vigueur. Depuis le 1er janvier dernier, elles sont devenues effectives. Il faut donc que les entreprises nous disent ce qu’elles vont faire de ces allègements. Jusqu’ici, les branches professionnelles étaient en retrait, maintenant il leur faut accélérer. Nous leur demandons de lâcher le frein et de choisir ce qu’elles veulent faire, entre développer la formation, miser sur l’alternance ou embaucher.
Le 20e rapport annuel de la Fondation Abbé-Pierre montre que le mal-logement touche de plus en plus de Français. Que préconise la CFTC sur la question ?
Nous réclamons un vrai plan Marshall du logement, c’est-à-dire plus de cohérence et moins d’éparpillement dans les décisions prises. Beaucoup de dispositifs sont mis en œuvre mais nous pensons qu’il faut les rationnaliser pour ne pas perdre les ressources. Des mesures comme la simplification et le raccourcissement des délais doivent permettre de dynamiser la construction. Il faut également rénover les logements sociaux pour éviter les passoires énergétiques qui coûtent cher aux locataires.