Philippe Martinez a été élu mardi secrétaire général de la CGT à la quasi-unanimité du "parlement" après des semaines de crise à la tête de la centrale, a-t-on appris de source interne.
M. Martinez, 53 ans, a obtenu 93,4% des voix du Comité confédéral national (CCN). Il succède à Thierry Lepaon, démissionnaire en janvier. L'équipe de dix membres qui formera le nouveau bureau confédéral a obtenu, elle, 88,8% des voix.
Philippe Martinez, 53 ans, est un métallo comme son prédécesseur Thierry Lepaon, un homme de terrain réputé bosseur. Il a fait ses armes chez Renault.
"Rechercher le consensus"
Le 15e secrétaire général de la CGT, a la lourde tâche de définir une orientation consensuelle entre tous ces courants, d'ici le prochain congrès fixé au printemps 2016. Il devra aussi apaiser les querelles intestines, séquelles de la crise de succession de Bernard Thibault de 2012, et attisées ces trois derniers mois, donnant lieu parfois à de vives altercations.
"La sortie du jeu des plus modérés est un peu une inquiétude, parce que c'était eux qui assuraient la continuité avec la ligne de Bernard Thibault", relève auprès de l'AFP Rémi Bourguignon, professeur à I'IAE Paris-Sorbonne.Mais, "dans ce contexte compliqué, M. Martinez sera obligé de travailler dans le consensus et ne pourra pas avoir une position trop radicale, car la CGT est au bord de le rupture", estime ce chercheur.
"Durcir le ton contre le gouvernement"
Le métallurgiste, selon lui, devra "tirer des leçons de l'expérience de Thierry Lepaon" - dont l'orientation était confuse et la gouvernance contestée - pour exercer "une gouvernance plus ouverte et plus participative".
Pour Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail, la nouvelle direction "augure une CGT qui va durcir le ton contre le gouvernement, contre le patronat et contre les autres organisations syndicales"."Philippe Martinez a besoin de cette logique dure pour s'imposer, mais cela ne veut pas dire qu'il n'ira pas ensuite vers une ligne plus axée sur la négociation", estime cet analyste.
A la recherche d'un second souffle
Le premier syndicat français est à la recherche d'un nouveau souffle dans un contexte difficile: il est en perte de vitesse dans ses bastions (fonction publique, Orange, énergie, SNCF) et ses appels à la mobilisation contre les réformes du gouvernement n'ont pas été des succès.
La CGT doit aussi trouver un positionnement sur l'échiquier syndical entre la CFDT réformiste et Force ouvrière, rassemblée sur une ligne contestataire autour de Jean-Claude Mailly, qui sera réélu cette semaine à la tête du syndicat.