François Hollande a réaffirmé le plein soutien de la France aux Juifs français en proclamant mardi que "la République n'oubliera jamais" les victimes de la Shoah et en leur assurant que "la France est (leur) patrie", lors d'une cérémonie solennelle et émouvante au Mémorial de la Shoah à Paris.
Deux semaines après l'attentat de la Porte de Vincennes qui a tué quatre Juifs, le chef de l'Etat a également affirmé, en présence du Premier ministre, Manuel Valls, et du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, que la Shoah devait "pouvoir être enseignée partout, sans aucune restriction" et confirmé que l'arsenal des sanctions contre le racisme et l'antisémitisme allait être renforcé.
Dans une allocution d'une petite demi-heure depuis le parvis du Mémorial pour rendre hommage aux 76.000 Juifs de France déportés sous le régime de Vichy, François Hollande s'est adressé directement aux survivants de la déportation, et par-delà aux juifs de France. "Je sais ce qui vous tourmente: qui parlera quand vous ne serez plus là? Je vous fais cette promesse: la République française n'oubliera jamais".
Il a rendu hommage aux victimes du "plus grand crime jamais commis contre l'humanité", "perpétré ici, en terre d'Europe, par le régime d'une des nations les plus civilisées de notre continent" qui, a-t-il rappelé, "trouva des alliés et des complices, jusqu'en France sous le gouvernement de Vichy".
Minute de silence
Le chef de l'Etat s'est entretenu avec cinq déportés et cinq lycéens travaillant sur les lieux de mémoire en France. Il s'est également recueilli dans la crypte où il a déposé une gerbe et observé une minute de silence.
Premier centre d'archives d'Europe sur la Shoah, le Mémorial de la Shoah réunit plusieurs millions de documents, dont le fichier des Juifs pourchassés par la police de l'Etat français, réalisé par la préfecture de police sur ordre des nazis.
"La France est votre patrie"
Le président a d'autre part affirmé aux Juifs français: "La France est votre patrie, vous, Français de confession juive, votre place est ici", alors que le nombre des actes antisémites dans le pays a doublé sur un an en 2014, selon le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).
Pour François Hollande, la montée des actes antisémites est "une réalité insupportable". Evoquant "le rôle de l'école" et la "nouvelle alerte" que représentent les perturbations des minutes de silence dans certaines écoles après les attentats, le chef de l'Etat a déclaré: "L'un des instruments pour désamorcer cette ignorance, c'est l'enseignement de l'histoire de la Shoah. Elle est au programme du CM2, de la 3ème, et de la 1ère. Elle doit pouvoir être enseignée partout, sans aucune restriction".
Le président de la République a annoncé un renforcement des sanctions contre le racisme et l'antisémitisme pour "améliorer la visibilité et l'efficacité des sanctions". Il s'agira "de généraliser la caractérisation raciste et antisémite comme circonstance aggravante d'un délit, et sortir la répression de la parole raciste et antisémite du droit de la presse pour l'intégrer au droit pénal général", a-t-il précisé.
Le chef de l'Etat a aussi pourfendu les thèses complotistes. "Certains des ressorts" de l'antisémitisme "n'ont pas changé depuis la nuit des temps: le complot, le soupçon, la falsification", a-t-il dit.
Enfin, a déclaré François Hollande, le gouvernement présentera "d'ici la fin du mois de février un plan global de lutte contre le racisme et l'antisémitisme". "Sécurité", "transmission" vers les jeunes générations et "régulation du numérique" seront les principes de ce plan, a-t-il dit.