Le dessinateur de presse français, Georges Wolinski, a été tué mercredi, à l'âge de 80 ans, lors de la fusillade au siège du journal Charlie Hebdo à Paris.
Né à Tunis en 1934, celui qui deviendra vite un pilier du dessin de la presse arrive en France en 1945. Ce provocateur né est très tôt marqué par la vie. Son père qui tenait une usine de fer forgé, est assassiné par l'un de ses ouvriers alors que Wolinski est âgé de deux ans. Pour s'évader et oublier, il se met à dessiner dès l'âge de 5 ans. Il y a un an, il confessait ému aux journalistes d'Europe 1 : “le dessin m’a sauvé la vie parce que je faisais ce qui me plaisait. Ce qui me plaisait est devenu un métier et ça c’est précieux”.
Il commence sa vie professionnelle en travaillant dans la bonneterie de ses beaux-parents, jusqu'à un terrible accident de voiture qui tue sa première femme. Il se retrouve seul avec ses deux petites filles.
Les débuts
C'est avec les évènements de mai 1968, que son travail commence à se faire connaître via la revue Action, dans laquelle il dessine régulièrement. “je dois beaucoup à mai 68”, avouera-t-il. Lors d'une interview donné sur Europe 1 il y a un an, il confiait ne plus fréquenter que des gens de gauche : "les gens de droite m'énervent".
Puis, il fonde avec Siné (dessinateur et caricaturiste politique) le journal L'Enragé, dans lequel ses dessins deviennent de plus en plus politiques.
A la même période, Wolinski tient une page de contestation dans le quotidien France-Soir de Pierre Lazareff, où il prend l’habitude de ne "pas seulement y contester la société, comme tout le monde, mais aussi le directeur du journal", comme il le résume. La collaboration prendra vite fin.
La consécration avec Hara-Kiri hebdo
Wolinski se fait véritablement connaître du grand public, lorsqu'il intègre la rédaction d'Hara-Kiri hebdo en 1960, devenu par la suite Charlie Hebdo. Il y dessine pratiquement toutes les semaines deux personnages devenus mythiques pour tous les lecteurs du journal : un gros sûr de lui et dominateur, et un maigre d’allure timide, qui tiennent des propos de café du commerce, mais toujours présentés de façon humoristique.
De 1970 à 1981, il est rédacteur en chef de Charlie Hebdo.
De nouvelles collaborations
Débauché par le directeur du journal L'Humanité, Roland Leroy, il devient le dessinateur officiel du journal mais continue néanmoins sa collaboration avec Charlie Hebdo et Hara-Kiri. Beaucoup lui repprocheront d'avoir accepté ce poste et l'accuseront d'un engagement trop fort auprès du Parti communiste français et lui rappeleront une de ses phrases célèbres : "le socialisme, c'est comme la marijuana: c'est peut-être inoffensif, mais ça peut conduire à des drogues plus dures comme le communisme".
Il franchit sa dernière étape dans carrière de dessinateur de presse en travaillant également avec Paris-Match.
A 80 ans, il n'avait toujours pas pris sa retraite, se justifiant ainsi “je ne peux pas m’arrêter. Mon train de vie m’oblige à gagner pas mal de fric”, provocateur toujours...
Ses Prix et distinctions
• 1998 : prix International d'Humour Gat Perich
• 2005 : légion d'honneur.
• 2005 : grand prix de la ville d'Angoulême au Festival international de la bande dessinée d'Angoulême