"On va t'enterrer devant ta mère". La rixe de l'autoroute A13 fatale à un automobiliste, battu à mort en 2010 sous les yeux de sa famille, revient à partir de lundi devant la justice, quatre jeunes ayant fait appel de leur lourde condamnation.
En avril 2013, la cour d'assises des Yvelines avait condamné en première instance neuf personnes, originaires d'une cité des Yvelines, à des peines de quatre à vingt ans de prison pour le meurtre de Mohamed Laidouni, un imprimeur de 30 ans sans histoire.
La violence de la scène, 45 secondes filmées par les caméras de vidéosurveillance de l'autoroute, avait été au cœur des débats. La victime a été "exécutée", "ils l'ont lynchée", en lui assénant une multitude de coups de pied à la tête alors qu'il était au sol, avait relevé le ministère public avant de requérir des peines de 14 à 30 ans de réclusion.
Cette nuit du 26 juin 2010, vers une heure du matin, une Renault Clio heurte sur une bretelle d'accès qui mène à l'autoroute A13 la voiture de la famille Laidouni. Les véhicules, légèrement éraflés, s'arrêtent sur la bande d'arrêt d'urgence. L'histoire aurait pu s'arrêter à un banal constat, mais les deux passagers de la Clio en décident autrement et refusent d'établir le document. Le ton monte, ils appellent par téléphone des amis en renfort.
Quelques minutes plus tard, une dizaine de jeunes, âgés de 19 à 24 ans, arrivent sur les lieux. Des menaces de mort sont proférées: "On va te crever, on va t'enterrer devant ta mère". Puis, Mohamed Laidouni est violemment projeté contre une glissière de sécurité et roué de coups sous les yeux de sa mère, de ses frères et de sa femme. Le jeune homme, qui souffre de graves lésions cérébrales, succombera à ses blessures le lendemain. Quatre membres de sa famille sont légèrement blessés.
Qui a porté les coups mortels ?
Les jeunes qui ont fait appel ont écopé de peines de 18 à 20 ans de prison. Toute la difficulté de ce nouveau procès sera de déterminer les responsabilités effectives de chacun. Le film de la vidéosurveillance, flou et sombre, visionné par la cour en première instance, ne permet pas d'identifier les auteurs des coups mortels.
"De nombreuses questions se posent sur la responsabilité pénale de mon client. Rien ne démontre qu'il a participé à la phase du lynchage ", estime ainsi Me Philippe Ohayon, avocat de Dominique Correa, le passager du véhicule qui avait appelé ses amis en renfort.
Fratries très nombreuses, parcours scolaires chaotiques, casiers judiciaires chargés, pères parfois polygames: de nombreuses similitudes existent entre les agresseurs. Les jeunes habitaient la cité, réputée difficile, des Musiciens aux Mureaux (Yvelines), et se connaissaient depuis toujours.
Ils s'étaient montrés peu coopératifs lors du premier procès, ne livrant que très peu d'explications aux jurés et refusant d'impliquer quiconque.
"C'est la loi du silence qui a prévalu pendant douze jours. Espérons qu'aujourd'hui ils ont pris pleinement conscience de l'atrocité de leur acte, des lourdes peines infligées et que leur langue va se délier", relève une source judiciaire. Le procès doit se tenir jusqu'au 5 décembre devant la cour d'assises d'appel des Hauts-de-Seine.