La mère d'une fillette, jugée depuis mercredi avec son ex-amant pour le viol de l'enfant en 2012, a été condamnée, comme lui, vendredi par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône à 20 ans de réclusion criminelle, assortie d'une peine de sûreté des deux tiers.
"Pour moi, c'est pas suffisant, mais ça peut pas être plus...", a déclaré à l'AFP après le prononcé de la peine le père de la victime, âgée de 3 ans au moment des faits.
"Est-il possible de tomber plus bas?", s'était demandé l'avocat général Olivier Couvignou, avant de requérir le maximum encouru par les deux accusés --des réquisitions suivies par la cour. "Ce maximum, c'est le minimum", a lancé M. Couvignou.
La peine de l'amant de la mère, Nicolas, un cuisinier de 32 ans, a également été assortie d'une obligation de suivi socio-judiciaire avec injonction de soins pendant 10 ans. La mère a été déchue de son autorité parentale.
Elodie, une vendeuse de 31 ans, répondait du viol de sa fillette de 3 ans au printemps 2012 à Arles avec des sex-toys pour réaliser des photos et des vidéos afin de satisfaire, selon elle, son amant, déjà condamné plusieurs fois, dont une fois pour corruption de mineurs alors qu'il avait 17 ans.
Lui était également poursuivi pour le viol de l'enfant, lors de relations sexuelles à trois décrites jeudi à l'audience par son ex-maîtresse avec une précision glaçante --des faits qu'il nie, se contentant de reconnaître des "fantasmes" pédophiles, évoqués dans des conversations électroniques avec Elodie.
"Au fond de ce gouffre, vous chercherez en vain un peu d'air, un peu de lumière", a lancé l'avocat général à l'adresse des jurés, évoquant pour décrire la mère un "monolithe d'égoïsme et de cruauté", et pour décrire son amant "un mauvais génie détraqué".
"+Attrape-moi si tu peux+, c'est votre état d'esprit", a-t-il asséné en direction de Nicolas, dépeignant un homme "ancré dans la pédophilie, fasciné par cet univers répugnant". Comme pendant l'instruction, l'accusé a nié tout au long des trois jours d'audience, avec des réponses souvent évasives ou paraissant peu crédibles --quand son ex-maîtresse a toujours répété les mêmes déclarations, au cours de l'instruction comme lors du procès.
"Pas un monstre"
L'avocat de Nicolas, Me Charles Reinaud, a agité le spectre de l'erreur judiciaire, évoquant l'affaire d'Outreau ou le cas de Patrick Dils: "Dans la justice anglo-saxonne où on ne condamne pas sans preuve matérielle, je me serais sûrement assis après avoir plaidé l'acquittement".
Ce n'est pourtant pas le choix qu'il a fait, puisqu'il a demandé la requalification des faits visant Nicolas en "complicité de viol" par des écrits ayant incité à le commettre --en l'occurrence, les échanges électroniques entre les deux amants--, des faits pour lesquels il encourait également 20 ans de réclusion.
"L'émotion était telle, l'horreur décrite était telle qu'aucun jury n'aurait pu accorder le doute" qui aurait pu selon lui bénéficier à son client, a-t-il déclaré après le procès à l'AFP, ajoutant qu'il n'avait pas encore étudié avec son client la possibilité de faire appel.
Évoquant Elodie, son avocate Me Sabrina Agostini avait décrit une enfant "dont on ne s'est pas occupé", une "gamine qui se trouve moche, qui cherche sans cesse une affection, une attention qu'elle ne trouve pas": "C'est un être humain, ce n'est pas un monstre".
"Justice a été faite", a commenté Me Agostini après le verdict. "Ma cliente accepte cette peine, elle a toujours dit qu'elle l'accepterait", a-t-elle pointé, soulignant qu'elle ne ferait pas appel.
En pleurs, Elodie a admis: "Je suis impardonnable, ce que j'ai fait à ma fille, je le regrette, ce n'est pas digne d'une mère". "J'espère qu'elle aura (...) une vie de femme épanouie (...) et qu'un jour peut-être je pourrai la revoir pour lui parler de moi, lui expliquer. Je voudrais lui demander pardon".