Kofi Yamgnane, symbole de l'intégration dans les années 90, a été placé en garde à vue mercredi dans le cadre de la nouvelle affaire Rocancourt. Jouissant de la double-nationalité, il brigue la présidence de la République togolaise en vue de l'élection de 2015.
Soupçonné d'avoir participé à un système de corruption visant à obtenir des titres de séjour français pour des demandeurs moyennant rémunération occulte, Kofi Yamgnane a été placé en garde à vue mercredi matin. Il serait un des rouages d'une escroquerie plus vaste mise en place par Christophe Rocancourt, "l'escroc des stars", mis en examen également.
Âgé de 69 ans, ce Franco-Togolais est un symbole de la politique d'intégration de la fin des années Mitterrand puisqu'il a été secrétaire d'Etat à l'Intégration dans les cabinets d'Edith Cresson et de Pierre Bérégovoy. Ce natif du Togo, ingénieur de formation, s'était implanté en Bretagne d'où il avait pris son élan politique.
Kofi Yamgnage, interviewé par Christine Ockrent en 1991 :
Socialiste et breton
Après avoir acquis la nationalité française en 1975, il devient conseiller municipal de Saint-Coulitz (Finistère) dès 1983, intégrant parallèlement le Parti Socialiste, passant du Ceres au fabiusisme. En 1989, il est élu maire de son village, ce qui sonne comme un symbole et une victoire de la France métissée et multiculturelle (son épouse, Anne-Marie, est une bretonne, professeur de mathématiques). Conseiller général du canton de Châteaulin (Finistère) entre 1994 et 2008, il a également siégé à l'Assemblée nationale de 1997 à 2002. Sa sortie - "Je suis un Breton d'après la marée noire", lui avait valu le prix de l'humour politique en 1992.
C'est au cours des années 2000 qu'il s'oriente vers la politique togolaise. Il se présente sans succès à la présidence de la République en 2010 et comptait réitérer le pari en 2015. Mais son implication de cet énième scandale Rocancourt pourrait grever terme à ses ambitions. Il conteste néanmoins les faits qui lui sont reprochés : "Bien sûr, j’ai aidé des centaines d’immigrés, au cours de ma carrière politique, à obtenir des papiers. Mais jamais je n’ai accordé mon aide contre une quelconque contrepartie ! " a t-il déclaré au Monde.