Un an et demi après l’adoption du mariage gay, la Manif pour tous a fait son grand retour avec de nouvelles revendications sur la famille.
Le slogan n’a pas changé. Les partisans de la Manif pour tous, qui étaient entre 70 000 et 500 000 à défiler, dimanche, à Paris et à Bordeaux, martèlent toujours qu’ils «ne lâchent rien».
Mais pourquoi ressortir du placard leurs sweats roses ou bleus, alors que le mariage gay, contre lequel ils ont longuement bataillé, a été définitivement voté il y a dix-huit mois ? Certains réclament une abrogation de la loi, mais la plupart sont passés à autre chose. Et ont désormais dans leur viseur la gestation pour autrui (GPA) et l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA).
Une certaine idée de la famille
Les manifestants ont battu le pavé pour défendre leur vision de la famille qui serait, selon eux, lésée par l’exécutif. La Manif pour tous considère ainsi la réforme du congé parental ou les coups de rabot sur les allocations familiales comme autant de preuves de la «familiphobie» du gouvernement.
La polémique autour de l’enseignement du «genre» à l’école a achevé de cristalliser les mécontentements.
Mais c’est principalement contre la GPA, qu’il considère comme une «marchandisation du corps», que le collectif s’est élevé. Les manifestants craignent que faire appel à une mère porteuse, pratique interdite en France, ne devienne légal.
Ils s’appuient sur une décision de la Cour européenne des droits de l’homme, qui a obligé l’Hexagone à reconnaître les liens de filiation des enfants de Français né par GPA à l’étranger. L’absence de réaction du gouvernement serait un premier pas vers la généralisation des mères porteuses, selon le collectif. Ce dernier exprime enfin ses craintes autour de la PMA, qui est autorisée en France mais réservée aux couples hétérosexuels stériles ou ne pouvant avoir d’enfants sans danger. La Manif pour tous refuse que les couples de femmes puissent en bénéficier.
Le monde politique divisé
Face à la grogne, le gouvernement se contente de répéter que la PMA, qui devait pourtant figurer dans le projet de loi de mariage pour tous, a été définitivement abandonnée. Quant à la GPA, l’exécutif y a toujours été «radicalement opposé», a redit, dimanche matin, Michel Sapin.
A droite, des élus n’ont pas hésité à rejoindre les rangs de la Manif pour tous hier, à l’image des députés UMP Hervé Mariton, Laurent Wauquiez ou Patrick Ollier. Mais le combat du collectif divise les politiques, notamment sur la question d’une éventuelle abrogation de la loi sur le mariage gay. Si Alain Juppé a affirmé qu’il ne reviendrait pas dessus, Nicolas Sarkozy n’a, lui, pas pris de position claire.
Quant aux Français, ils ne semblent pas soutenir le collectif. Six sur dix (61 %) considèrent qu’une famille homoparentale est une «famille à part entière», selon un sondage Ifop publié dimanche. Par ailleurs, 55 % se disent favorables au recours à une mère porteuse dans un cadre réglementé.