Depuis le début de l’année 2024, le gouvernement a entamé un cycle mémoriel pour célébrer les 80 ans de la Libération. Alors que de nombreux combats ont marqué cette période sombre de l’Histoire, une page reste méconnue du grand public. Celle-ci remonte au 25 août 1944, dans le Jardin du Luxembourg, à Paris, au cours d’une bataille de char qui libérera le Sénat.
Les Parisiens et touristes qui profitent cet été de la quiétude du Jardin du Luxembourg, après la période des Jeux olympiques, ne se doutent pas qu'il y a 80 ans, le 25 août 1944, s'y déroula un combat décisif pour la libération de la capitale, la bataille du Sénat.
Dès l'été 1940, les forces d'Occupations allemandes avaient réquisitionné le Sénat pour en faire le siège de l'état-major général de l'armée de l'air, la Luftwaffe, pour le front de l'Ouest. Son commandant, le Feldmarschall Sperle, habitait alors l'hôtel de la présidence. Le Palais du Luxembourg avait lui été transformé en véritable forteresse avec blockhaus, abris, nids de mitrailleuses autour du Jardin. Le tout, défendu par une trentaine de blindés.
Dans la semaine du 12 août, face à la progression des forces alliées, l'état-major de la Luftwaffe avait quitté le Palais du Luxembourg. Il avait alors été remplacé par une garnison de 600 hommes sous les ordres du colonel von Berg, renforcée par des SS et une compagnie de Schutzpolizei.
Le 19 août, dès le début de l'insurrection, les Allemands fusillaient trois gardiens de la Paix et quatre membres des FFI sur la terrasse centrale du Jardin.
Le 25 août, le colonel Fabien, commandant les Forces françaises de l'intérieur (FFI), donnait l'ordre d'attaquer le Luxembourg. Ce sont alors 200 hommes qui se sont postés à l'est et au sud du Palais, face au Jardin, et 100 mètres au nord. Mais devant la résistance des Allemands, le recours aux blindés était inévitable.
Des Menaces de bombardements
Un détachement de chars de la deuxième division blindée, commandé par le capitaine de Witasse, était chargé d'investir le Jardin du Luxembourg, puis le Palais, afin d'empêcher le groupement de blindés de se répandre dans Paris.
Vers midi, le détachement avait alors détruit les premières défenses allemandes, puis forcé les grilles pour investir le Jardin.
Mais son avancée était freinée par des tirs provenant des fenêtres du Palais.
Plus menaçant, un char allemand bloquait la rue de Médicis, latérale au Jardin. Un char français le contournait par la rue de Vaugirard, tirait un obus, et l'immobilisait. D'après le capitaine de Witasse, celui-ci aurait dû ouvrir la route à une dizaine d'autres chars stationnés dans le Jardin qui auraient créé une réelle menace pour l'issue des combats.
A 15h45, le général Leclerc recevait la reddition du général von Choltitz, à 16h30 des émissaires portaient l'ordre de cessez-le-feu là où les combats se poursuivent.
Mais au Palais du Luxembourg, le colonel von Berg résistait. En effet, sa garnison avait les moyens de tenir. Il aura fallu la menace d'un bombardement du Sénat par l'aviation alliée pour qu'il cède. A 18h45, les Allemands, colonel en tête, sortaient du Palais par la grande porte de la rue de Vaugirard.
Le Jardin était alors dévasté, la Cour d'Honneur encombrée de blindés abandonnés et l'intérieur du Palais jonché de débris de toutes sortes.
Une remise en état de l'édifice n'avait par la suite commencé que le 29 octobre, par la réouverture du Jardin au public.
Un semaine plus tard, le 7 novembre, le Palais du Luxembourg accueillait une Assemblée consultative provisoire, un symbole de la renaissance de la vie politique.
Mais la remise en état de l'ensemble commence aussitôt : le 29 octobre, le Jardin est rouvert au public ; le 7 novembre, le Palais accueille l'Assemblée consultative provisoire, devenant le symbole de la renaissance de la vie politique.