Témoin d'un braquage dans un bureau de tabac du village de Dolomieu (Isère), un homme de trente-quatre ans a été tué d'un coup de feu tiré par un des malfaiteurs qu'il aurait tenté de désarmer avant que ceux-ci ne prennent la fuite.
En milieu d'après-midi, deux hommes d'aspect juvénile, cagoulés et gantés, dont un seul était armé d'un fusil, ont pénétré dans le commerce situé sur la place centrale du village de 3.000 habitants, face à la mairie.
Alors que l'un d'entre eux intimait l'ordre à la commerçante de lui remettre la caisse et des cigarettes, celui qui était armé est ressorti sur le pas de la porte, a indiqué Catherine Lanza-Perret, vice-procureur de la République de Bourgoin-Jallieu.
Pour une raison encore ignorée des enquêteurs, la victime, un habitant du village, qui faisait partie des clients du tabac, est ressorti derrière lui, a précisé la magistrate.
"On suppose qu'il a essayé de le désarmer, mais nous n'avons pour l'instant aucun élément permettant de le confirmer", a-t-elle ajouté, précisant qu'il n'y a eu aucun témoin direct de la scène et qu'il n'existe pas de vidéo surveillance extérieure à proximité.
- Un seul coup de feu -
L'homme aurait alors fait feu sur le trentenaire. Selon les premiers éléments de l'enquête, confiée à la section de recherches de la gendarmerie de Grenoble, il semblerait qu'un seul coup de feu ait été tiré.
Les malfaiteurs ont alors pris la fuite à bord d'une 206 noire, de type X-Box, volée quelques heures avant les faits dans le village voisin de Morestel.
Mortellement touché, l'homme n'a pu être ranimé, malgré l'intervention des secours rapidement arrivés sur place.
ci-dessus
Le centre du village a immédiatement été bouclé par les gendarmes de La-Tour-du-Pin. Des techniciens en expertise criminelles de la gendarmerie de Grenoble se sont rendus sur les lieux et ont dressé une bache de plastique gris cachant la scène du crime aux yeux des habitants et des media, selon un journaliste de l'AFP sur place.
Quelques heures après les faits, les gendarmes continuaient à effacer les dernières traces du drame, notamment une flaque de sang encore visible à 10 mètres du commerce.
Les recherches se poursuivaient mardi soir pour retrouver les deux malfaiteurs et un appel à témoin a été lancé par le parquet pour retrouver le véhicule.
Selon Mme Lanza-Perret, le système de vidéo-surveillance du bureau de tabac ne permet pas d'identifier les deux hommes.
Une autopsie de la victime sera pratiquée mercredi matin.
- Prise de conscience -
Le président de la Confédération des buralistes, Pascal Montredon, s'est dit "effondré" devant ce nouveau drame touchant sa profession.
"Il ne se passe une seule journée sans qu'un bureau de tabac soit braqué. Cela devient insupportable", a-t-il ajouté, estimant que les buralistes sont la profession "la plus attaquée".
ci-dessus
Se disant "totalement abattu qu'un homme de 35 ans soit tué pour quelques cartouches de cigarettes", il a réclamé une "véritable prise de conscience car des assassins sont prêts à commettre l'irréparable pour un produit qui attire de plus en plus la convoitise et le sentiment de l'argent facile".
En août 2013, un retraité de 61 ans de Marignane (Bouches-du-Rhône) avait été tué en tentant d'arrêter les deux auteurs d'un braquage dans un bureau de tabac de la ville. Jacques Blondel, qui revenait de la plage en voiture avec sa femme et sa petite-fille de 15 mois, s'était retrouvé nez-à-nez avec les malfaiteurs et avait tenté de les arrêter. L'un d'entre eux avait fait feu avec un fusil à pompe et le sexagénaire était mort dans la soirée à l'hôpital.
Les deux malfaiteurs, âgés de 18 et 22 ans, avaient été arrêtés, quelques heures après les faits pour l'un, un mois plus tard pour l'autre. Ce fait-divers avait provoqué la consternation à Marignane, ville de 34.000 habitants, dont 2.000 s'étaient rassemblés 4 jours après le drame pour un hommage à Jacques le "héros", conseil municipal en tête.