En direct
A suivre

Comment l'Assurance maladie espère économiser 2,9 milliards

Un homme passe devant les locaux de l'Assurance maladie à Lille [Philippe Huguen / AFP/Archives] Un homme passe devant les locaux de l'Assurance maladie à Lille [Philippe Huguen / AFP/Archives]

Economiser 2,9 milliards d'euros sur la santé en 2015: pour respecter cet engagement gouvernemental, l'Assurance maladie préconise de raccourcir les séjours en maternité, d'améliorer les prescriptions ou encore d'éviter les actes inutiles.

 

Dans ce rapport, intitulé "charges et produits", qui doit être examiné jeudi par son conseil d'administration, l'Assurance maladie détaille 25 propositions. Le gouvernement s'appuie traditionnellement sur ces préconisations pour construire son budget de l'année suivante.

Pour réaliser 10 milliards d'euros d'économies d'ici 2017 sur la seule assurance maladie, il souhaite que les dépenses de santé ne progressent pas de plus de 2% en moyenne sur cette période. Cet objectif a été fixé à 2,1% dès 2015 par la ministre de la Santé Marisol Touraine.

Le montant des économies à réaliser est donc de 2,9 milliards d'euros, calcule l'Assurance maladie. "Il faut maintenant faire des choix", insiste-t-elle.

Dans la première partie du rapport, publiée jeudi dernier, elle avait déjà listé des pistes d'économies, mais sans les chiffrer: diminuer la durée des séjours en maternité, limiter le recours aux IRM, améliorer le dépistage de certaines maladies, etc.

Cette seconde partie insiste en particulier sur la nécessité de "prendre résolument le virage ambulatoire" (opération sans hébergement à l'hôpital), en particulier dans trois domaines: la maternité, la chirurgie orthopédique et l'ensemble des interventions pouvant être réalisées en ambulatoire.

Au total, les économies pouvant ainsi être réalisées sont évaluées à 326 millions d'euros pour 2015.

 

Séjours à la maternité

La durée moyenne des séjours à la maternité pourraient passer de 4,2 jours aujourd'hui, à 3 jours d'ici cinq ans, tout en développant un meilleur accompagnement à domicile, pour un gain net de 405 millions d'euros, dont 79 millions dès 2015.

Les professionnels ont toutefois mis en garde contre toute sortie précipitée, à l'image de l'ONSSF (organisation de sages-femmes) qui plaide pour qu'une "prise en charge organisée en ville" prenne le relais.

La Fédération de l'hospitalisation privée quant à elle s'interroge sur le montant "fortement improbable" des économies annoncées.

Des marges de manoeuvre existent également sur l'amélioration des prescriptions et la maîtrise médicalisée, pour un gain de 700 millions d'euros.

L'Assurance maladie évoque notamment un contrôle accru des mentions NS (non substituables) inscrites par le médecin sur les ordonnances, empêchant le pharmacien de délivrer un médicament générique.

Elle estime aussi que de nouvelles économies sur les médicaments pourraient rapporter 600 millions d'euros. Le développement des génériques, 100 millions supplémentaires.

 

15% d'IRM en moins

Mieux dépister le cancer du sein et favoriser les dialyses à domicile permettraient d'améliorer la qualité des soins tout en étant source d'économies, à plus ou moins long terme.

L'Assurance maladie s'interroge une nouvelle fois sur la pertinence de certains actes chirurgicaux. "La variabilité des pratiques médicales selon les territoires reste très importante" et "les patients sont parfois sur-diagnostiqués et sur-traités".

Pour 2015, il s'agirait notamment de mieux cibler les appendicectomies, les ablations de la thyroïde ou encore la chirurgie ORL. Economie attendue: 43 millions d'euros.

Enfin, l'analyse des parcours de soins des patients pour les IRM des membres inférieurs (plus d'un million en 2013) "soulève la question de la pertinence de la prescription". L’utilisation de l’IRM pour l’exploration des lésions des membres est d’ailleurs "très supérieure" en France par rapport aux pays européens et nord-américains.

Pour 52% des bénéficiaires, elle n'a pas été précédée d'une radiographie, comme le recommande la HAS (Haute autorité de santé). "On peut estimer, en première approche, qu’une réduction de 15% du nombre d’IRM des membres inférieurs pourrait être obtenue sans perte de chance pour les patients", estime l'Assurance maladie.

Le coût d'un IRM des membres supérieurs représente 192 euros. Limiter le recours à cet acte permettrait d'économiser 29 millions d'euros, et 30 millions supplémentaires pour les IRM du rachis.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités