Le procès d'une femme de 46 ans, accusée d'avoir involontairement tué le bébé de ses voisins en le secouant pour qu'il arrête de pleurer, s'est ouvert mercredi devant la cour d'assises de l'Essonne.
Poursuivie pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner", elle encourt 30 ans de réclusion. Son ex-conjoint, âgé de 38 ans, est jugé à ses côtés pour "non-assistance à personne en danger".
"J'ai pas fait exprès, c'était juste pour le calmer, parce que je l'aimais bien cet enfant et sa maman aussi. Je ne voulais pas lui faire de mal", a déclaré cette femme, l'air abattue, depuis le box des accusés.
Les faits remontent au 17 novembre 2011, à Athis-Mons (Essonne). Ce jour-là, les parents du bébé, âgé d'à peine 6 mois, doivent s'absenter pour diverses tâches administratives et professionnelles. Ils confient donc leur bébé à la voisine, dont ils sont très proches, pour quelques heures.
L'accusée, placée en détention provisoire depuis deux ans et demi, a avoué aux enquêteurs avoir secoué le bébé une première fois dans la matinée pour le faire taire, faisant basculer sa tête d'avant en arrière.
Elle l'avait secoué une seconde fois dans l'après-midi, ce qui avait provoqué chez lui un saignement de nez et son évanouissement.
L'accusée avait dissuadé son mari, rentré entre-temps du travail et qui avait constaté que le bébé était amorphe et respirait faiblement, d'appeler un médecin. Il s'était alors contenté d'appeler les parents.
"J'ai vu que le petit n'était pas bien, mais je n'ai pas vu qu'il était en danger", a-t-il dit à la barre.
C'est lors de l'autopsie que les médecins constateront des lésions compatibles avec le syndrome du bébé secoué.
Selon l'assurance maladie, chaque année, 180 à 200 enfants seraient victimes, en France, de cette forme de maltraitance, mais ce chiffre est certainement sous-évalué.
Le syndrome du bébé secoué désigne un traumatisme crânien non accidentel, entraînant des lésions du cerveau. Il survient lorsque l'on secoue violemment un bébé ou un jeune enfant. Le plus souvent, ce drame arrive lorsque la personne qui s'occupe de l'enfant, est exaspérée par ses pleurs. Les enfants de moins d’un an sont les plus touchés par le syndrome du bébé secoué.
Le verdict est attendu vendredi.