Najat Vallaud-Belkacem sera au Brésil dimanche pour le premier match des Bleus au Mondial de football. Elle croit fermement en leurs chances.
Cap sur la Coupe du monde. Alors que la tension monte à l’approche du premier match de poules des Bleus, dimanche prochain face au Honduras, Najat Vallaud-Belkacem est sur le départ. La ministre de la Jeunesse et des Sports s’envole mercredi pour le Brésil où elle rejoindra l’équipe avant ses débuts dans la compétition.
Elle leur fait confiance pour aller le plus loin possible, afin d’enthousiasmer les Français et de préparer au mieux l’Euro 2016, qui se déroulera à domicile.
Quel message souhaitez-vous adresser aux Bleus avant leurs débuts dans le Mondial ?
Je veux leur dire que c’est une chance inouïe de pouvoir porter les couleurs de la France, et que l’on croit en eux. Ils forment une très belle équipe et leurs derniers matchs nous ont montré de quoi ils sont capables. Qu’ils aillent au Brésil en se sachant soutenus, car ils le sont.
Mais l’équipe devra se priver d’un de ses leaders, Franck Ribéry…
C’est dur, pour lui comme pour Clément Grenier (forfait également). Les Bleus ne sont d’ailleurs pas la seule équipe à devoir revoir ses plans au dernier moment. Mais cet épisode a été une occasion de plus de tester l’esprit de solidarité et de groupe qui règne au sein des Bleus. C’est ensemble qu’ils l’ont encaissé et les absents seront désormais leurs premiers supporters. Bonne chance à ceux qui ont l’opportunité de les remplacer (Rémy Cabella et Morgan Schneiderlin).
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Le dernier Mondial, en Afrique du Sud, avait été calamiteux. Est-il désormais effacé ?
Knysna est derrière nous. Par son management, par sa sélection, par l’état d’esprit qu’il a réussi à installer, Didier Deschamps est parvenu à relever un premier défi : redorer le blason de l’équipe. Un collectif est bel et bien né, qui m’a semblé, à Clairefontaine où nous sommes allés les voir avec le président, totalement concentré sur l’enjeu sportif. Ce dernier doit être le sujet principal pour les joueurs.
Quel objectif fixez-vous aux Bleus ?
J’ai toujours pensé, pour reprendre la jolie formule d’Oscar Wilde, qu’il fallait avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue quand on les poursuit… Alors oui, je rêve pour eux d’une finale France-Brésil, même si j’ai conscience qu’alors les Brésiliens auraient un avantage à jouer à domicile.
Jusqu’où faut-il espérer aller ?
Les résultats sportifs sont fonction des performances accomplies, mais aussi de la dynamique, du soutien populaire, de la confiance personnelle. Si le premier point dépend de l’équipe, nous pouvons agir sur les deux derniers et les porter par notre confiance pour les aider à aller le plus loin possible.
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Appréciez-vous certains joueurs en particulier ?
Longtemps, c’est l’Olympique Lyonnais qui a été mon équipe de cœur, j’ai suivi les parcours d’un Karim Benzema ou d’un Clément Grenier… De manière générale, je trouve que cette équipe, très jeune, c’est celle de la nouvelle génération. Elle représente l’avenir. Car derrière ce Mondial se profile l’Euro 2016, que la France accueillera. Au fond, on ne fait que commencer l’aventure à leurs côtés, c’est enthousiasmant.
Le monde du football s’est donné rendez-vous au Brésil, où la grogne sociale et l’organisation sont sources d’inquiétude…
J’ai conscience des difficultés auxquelles est confronté le Brésil, mais je constate qu’avant chaque grande compétition, les mêmes doutes sur l’état de préparation du pays d’accueil surviennent. Quant aux mouvements sociaux, c’est le droit des Brésiliens que de manifester leurs revendications. Cette Coupe du monde représente d’importantes dépenses et d’importants investissements. Que les Brésiliens demandent à bénéficier des retombées de l’événement paraît légitime. A leurs autorités d’y répondre.
Vous évoquiez l’Euro 2016. Faut-il dès à présent s’y préparer ?
Sitôt passé le Mondial, les préparatifs, déjà en cours, s’accéléreront. L’Euro est une formidable opportunité sportive, mais aussi économique et sociale. Son accueil signifie davantage d’équipements, qui serviront sur le long terme, mais aussi des dépenses touristiques et de l’emploi. La logistique de l’événement et la mise en place des «Fans-Zones» dans les villes hôtes nous conduiront à recruter de nombreux jeunes. Il servira aussi à fédérer les Français, les faire vibrer ensemble, au-delà de leurs différences. Je veux en faire un événement très populaire qui profite y compris aux villes qui n’accueillent pas de match. Avec l’«Euro 2016 des collèges», par exemple, les enfants seront associés à l’événement.
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Fédérer les Français, c’est aussi l’esprit de la Fête du sport, que vous instaurerez l’an prochain…
La pratique sportive est un bienfait. Pour l’apprentissage d’un cadre collectif, des règles, de la solidarité, du dépassement de soi. Mais aussi pour des raisons de santé et de bien-être, et ce à n’importe quel âge. Il doit donc être mis à la portée de toutes et de tous. Ce n’est pas le cas aujourd’hui : il n’y a pas assez de pratiquants en France, et nombre d’entre eux ont un horizon trop limité, ne connaissent qu’un sport. L’idée de cette Fête du sport est d’avoir une journée annuelle, un peu sur le modèle de la Fête de la musique, durant laquelle tous les acteurs sportifs, professionnels comme amateurs, sortent présenter leurs disciplines en plein air, pour mieux promouvoir les pratiques et le rôle des bénévoles.
La France manque-t-elle aujourd’hui de «culture» sportive ?
Le sport n’est pas encore assez présent dans les écoles. La réforme des rythmes scolaires est une formidable occasion d’y remédier. Il pourrait aussi être présenté de manière plus diversifiée à la télévision… J’adore le football, mais beaucoup de sports passent sous les radars. Les jeunes générations sont de plus en plus sédentaires avec la place prise par les nouvelles technologies. La pratique sportive des filles gagnerait à être davantage promue. Enfin, le sport est trop souvent corrélé aux moyens financiers des familles. Nous avons de vraies marges de progression.
Parvenez-vous à en pratiquer ?
Etre ministre est en tant que tel un sport. De combat parfois, d’endurance souvent, collectif autant que possible. Plus sérieusement, j’aimerais pratiquer davantage d’activités physiques ; je suis l’illustration de ces Français qui n’y ont pas été assez incités dans leur jeunesse, et je le regrette. Mais quand il m’arrive d’en faire, c’est du jogging.
On a coutume de dire que chaque Français se souvient de l’endroit où il se trouvait le 12 juillet 1998. Votre meilleur souvenir sportif ?
Sans hésitation, cette finale de 1998. Parce que l’alchimie a pris ce soir-là. Parce qu’il y a eu une forme de magie qu’on aimerait tant retrouver. Parce que certaines images ne nous ont pas quittés : Laurent blanc embrassant le crâne de Fabien Barthez. Le «Et un, et deux, et trois-zéro». Le bonheur de Zidane, la marée humaine sur les Champs-Elysées, la célébration d’une France «Black Blanc Beur»… Il n’y a que le sport pour procurer de telles sensations, un tel concentré d’énergie et d’enthousiasme.