Le président d'une association anti-corrida a été interpellé dimanche devant les arènes de Vic-Fezensac (Gers) au cours d'une manifestation bruyante "contre le massacre des taureaux" puis relâché par les gendarmes, a-t-on appris auprès de lui et de la préfecture.
Les anti-corrida étaient 60 à manifester selon les gendarmes, 200 selon les organisateurs. Ils avaient décidé de se faire entendre pour marquer les corridas du week-end de Pentecôte, habituellement fréquentées à Vic-Fezensac (3.600 habitants) "par 35.000 passionnés" selon l'office du tourisme.
Le président du Comité radicalement anti-corrida (CRAC), Jean-Pierre Garrigues, a été interpellé "dans le cadre de la manifestation et placé en garde à vue parce qu'il a été pris avec une arme sur lui: une bombe lacrymogène", a affirmé à l'AFP un représentant de la préfecture.
M. Garrigues a démenti avoir été placé en garde à vue, disant avoir simplement été entendu pendant une heure et demie. "Dans ma sacoche, j'avais pour me défendre une petite bombe lacrymogène de défense parce que je reçois de plus en plus de menaces de mort par internet et par téléphone", a-t-il dit.
Dans la matinée, M. Garrigues s'était réjoui de pouvoir faire fonctionner une puissante sonorisation à 150 mètres des arènes au moment où la foule entrait pour la corrida de 11 heures. "Nous leur signifions en direct tout ce que nous pensons de cette pratique barbare. Ca rend furieux les aficionados qui auraient voulu nous jeter hors de la ville", avait-il raconté.
Selon des manifestants, les gendarmes ont d'abord obligé les anti-corrida à éloigner leur camion sonorisé, en vertu d'un arrêté municipal spécifiant que le rassemblement - autorisé - ne devait pas être bruyant. Puis, alors qu'ils scandaient les slogans +corrida basta+, "la torture n'est pas notre culture+, il y a eu une charge des gendarmes mobiles. M. Garrigues a été jeté au sol et arrêté", a affirmé à l'AFP un manifestant, Christophe Landais.
M. Garrigues a affirmé que certains des militants avaient été "blessés", mentionnant "poignet foulé" et "épaule luxée". Ses assertions n'ont pas pu être confirmées.
La préfecture a dit que les militants avaient d'abord "convenu de ne plus lancer de fumigènes puis en avaient fait partir un quand même, ce qui avait entraîné l'intervention des gendarmes", précédée de sommations.
Le maire, Michel Espié, avait tenté d'éloigner les anti-corrida pendant la fête en prenant un premier arrêté, le 18 avril, interdisant "toute manifestation à l'intérieur du périmètre formé par les panneaux de l'agglomération de la commune". Le CRAC avait attaqué la décision en justice et le tribunal administratif de Pau avait constaté samedi que "le maire avait retiré l'arrêté litigieux".
Par ailleurs, la feria à Vic-Fezensac a été marquée, dimanche matin, par la mort d'un homme de 20 ans. Selon les pompiers du Gers, il avait été trouvé en arrêt cardiaque, à 5 heures du matin, sur une aire du stade de football. Une enquête a été confiée aux gendarmes.