Ils marqueront les deux ans de mandat de François Hollande dans la rue. Les cinq millions de fonctionnaires français sont appelés demain par sept syndicats à manifester pour leurs salaires et leur pouvoir d’achat. Le président de la CFTC, Philippe Louis, qui comprend leur malaise, participera au défilé parisien.
Qu’attendez-vous de cette mobilisation ?
Si je participe à cette manifestation, c’est pour montrer au gouvernement que certains fonctionnaires souffrent. Ils n’ont aucune réévaluation de salaire et voient leur pouvoir d’achat baisser. Le pacte de responsabilité ne signifie pas qu’il y ait des entreprises qu’il faut aider pour créer des emplois d’un côté, et des fonctionnaires nantis à ponctionner de l’autre.
Les Français ont-ils une image biaisée des fonctionnaires ?
En période de crise, ne doivent-ils pas participer à l’effort collectif ?
Certains le peuvent. La ministre Marylise Lebranchu proposait par exemple que les hauts revenus participent à hauteur de 1 %. C’est une solution que nous jugeons acceptable, mais on nous dit après que cela ne rapporte pas assez. Pourtant, les sommes dégagées pourraient permettre de redonner un peu d’air aux fonctionnaires qui n’en peuvent plus. Il y a également d’autres moyens de faire des économies, notamment en réorganisant la fonction publique.
Le gouvernement a également annoncé des baisses d’effectifs. Est-ce une bonne mesure ?
Tout dépend de là où cette réduction est faite. Il faut d’abord regarder la fonction publique que nous voulons. Une fois celle-ci définie, il sera temps d’agir pour répartir au mieux les effectifs, les renforcer dans certains secteurs ou les diminuer dans d’autres, afin d’optimiser l’efficience de la fonction publique. Car dans certains secteurs, on ne peut plus rogner.
Lesquels par exemple ?
Le secteur hospitalier est peut-être l’exemple le plus criant. A contrario, dans d’autres secteurs, avec les modernisations récentes, comme l’informatisation, on pourrait dégraisser un peu. Je pense qu’il faudrait regarder plus près du côté de la fonction publique territoriale. Il y a certainement des endroits avec des doublons, où il est possible de rationnaliser sans mettre les salariés en difficulté.
Les fonctionnaires sont traditionnellement acquis à la gauche. Pensez-vous qu’après deux ans de mandat, le président se soit coupé de cet électorat ?
Il a peut-être pensé qu’il aurait forcément leur confiance. Mais il y a effectivement un vrai problème de méthode, un manque de dialogue et de perspective. Il est nécessaire de tout mettre sur la table et de se concerter pour regarder où faire des économies avant de décider de réductions d’effectifs.